Covid-19: La France championne d’Europe de la recherche clinique
Le dynamisme de la France en matière de recherche clinique se confirme encore dans le contexte du Covid-19, où le pays occupe le 1er rang européen et le 3e mondial, selon l’AFCROs.
« Près de 2.000 recherches de vaccins mais aussi de médicaments et de tests diagnostiques sont enregistrées pour le moment contre le Covid-19 et ce nombre risque de doubler dans les semaines ou les mois à venir », a chiffré Denis Comet, président du groupe Acuitude (Axonal-Biostatem) et de l’AFCROs, (Association française des sociétés de recherche clinique), lors d’un point presse organisé le 7 mai. « 219 sont menées aux Etats-Unis et 204 en France, qui est le champion européen en la matière. Elle garde la pole position qu’elle occupe depuis plusieurs années. » En 2019, sur les 7.400 études (interventionnelles et observationnelles) initiées en Europe, 2.567 étaient recensées en France, selon le 3e baromètre AFCROs de la recherche clinique en France publié début 2020. Une position enviable que la France doit au dynamisme de sa recherche académique (Inserm, services hospitaliers…), qui est le promoteur des deux tiers des essais toutes aires thérapeutiques confondues et jusqu’à 90% dans le cas du Covid-19.
Enjeu de souveraineté
Des progrès considérables ont été réalisés en termes de délais d’autorisation, dans le cadre des procédures de fast track, mais pas seulement. « Sur la période février-avril, les 330 dossiers ont reçu une réponse sous sept jours. Les délais sont également accélérés de 90 jours à moins de 83 jours pour les 730 études hors covid, et même à moins de 66 jours pour la moitié d’entre elles, avec la même exigence de qualité. La France sait se mobiliser », salue Denis Comet. Les accélérations ayant été obtenues grâce à des « bénévoles travaillant à temps plein même le week-end », la CNRIPH (Commission nationale de la recherche impliquant la personne humaine) et les CPP (comités de protection des personnes) ne pourront maintenir l’effort sur le long terme. Toutefois, ils comptent pérenniser certains changements de pratiques et d’organisation. Par ailleurs, la médiatisation de la recherche clinique pourrait accroître « l’engagement de la population » dans les essais, espère Denis Comet. Qui insiste enfin sur « l’enjeu stratégique, de souveraineté » que représente la recherche clinique, déplorant le manque d’implication des autres pays dans l’étude européenne Discovery. « Quand un pays est le premier dans la recherche, sa population est la première à en bénéficier, à avoir accès aux médicaments innovants. On entend beaucoup de promesses sur le ‘jour d’après’. Il est important d’avoir des chercheurs, des protocoles, des études, mais aussi des acteurs implantés dans une zone européenne qui ne soit pas gérée par des CRO américaines. Cela vaudrait le coût d’avoir, pour la recherche clinique, l’équivalent d’Airbus, devenu le plus gros compétiteur de Boeing », plaide le président de l’AFCROs.
Muriel Pulicani