Le VIH : mal informés, tous concernés
Dans un contexte épidémique où la santé est devenue une préoccupation de tous les jours, la Journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre est l’occasion de faire un bilan sur la perception de la maladie et du risque par le grand public, et du niveau de connaissance des Français. Mais aussi de relancer une campagne d’information.
Le VIH, virus de l’immunodéficience humaine, est finalement peu connu des Français. C’est ce que montre une étude, menée par Harris Interactive pour Gilead Sciences et Francoscopie en septembre 2020, qui vient poser un état des lieux du rapport des Français face à la maladie. L’arrivée de traitements plus efficaces et mieux tolérés ces 10 dernières années a contribué à une certaine invisibilisation du vécu des patients ainsi qu’à une banalisation du virus pour ceux nés après les “années sida”. Pourtant, le nombre de nouvelles contaminations annuelles en France, environ 6 200 en 2018, peine à diminuer. Première en cause, la perception du risque : les 4/5e de la population générale estime courir un risque faible de contracter le virus. Ils sont 82 % parmi les hétérosexuels alors qu’ils représentent tout de même 56 % des nouveaux diagnostics en 2018. Le risque perçu est particulièrement moindre lorsqu’il est comparé avec d’autres maladies, telles que la grippe ou le Covid-19. Les personnes âgées de plus de 50 ans se sentent également peu concernées (89 %).
Une perception du risque faible
Selon l’étude, seulement 1 Français sur 2 se protège de manière systématique avec un nouveau partenaire sexuel. « Et on a observé depuis quelques années un certain relâchement, en particulier chez les jeunes et plus récemment chez les plus de 50 ans », explique Gérard Mermet, directeur et fondateur du cabinet d’études Francoscopie. Le manque de connaissance est assez alarmant : 27 % des Français interrogés croient que l’on peut contracter le virus par un baiser, et 36 % par une piqûre de moustique. 84 % des Français interrogés pensent qu’ils peuvent contracter le VIH en ayant une relation sexuelle non protégée avec une personne porteuse du virus suivant un traitement. Pourtant une personne séropositive sous traitement antirétroviral bien suivi, avec une charge virale indétectable, ne transmet plus le virus lors de rapports non protégés. Cela est maintenant clairement démontré par plusieurs études cliniques. De quoi améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Dans l’enquête internationale Positive Perspectives vague 2 menée par ViiV Healthcare en 2019 auprès de 2 389 participants, ceux informés par leurs professionnels de santé sur la notion de « VIH Indétectable = VIH Intransmissible » rapportent un meilleur état de santé que les patients non informés.
Une nouvelle campagne d’information
Avec cette donnée scientifique, l’objectif est également de faire évoluer l’attitude que l’on a envers les personnes vivant avec le VIH. En effet, les discriminations persistent. 65 % des Français interrogés dans l’étude Harris Interactive et Francoscopie seraient gênés d’avoir un rendez-vous amoureux avec une personne séropositive, et 25 % gênés de travailler avec elle. La première raison en est la peur de la contamination. Dans l’enquête DISCRIMINATIONS menée par l’association Sida Info Service en 2019, deux tiers des répondants estimaient avoir déjà été discriminés du fait de leur séropositivité. La diffusion du message « VIH Indétectable = VIH Intransmissible » pourrait diminuer la peur de la maladie. Avec la campagne « Dans le VIH, l’égalité progresse » lancée par ViiV Healthcare à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, ce mardi 1er décembre, l’idée est de se sentir tous concernés et d’évacuer les stéréotypes.
Juliette Badina