Thierry Breton, responsable de la task force européenne sur les vaccins : « Nous savons répondre à l’incertitude ! »
La Commission européenne se dit prête à subvenir rapidement aux besoins de ses ressortissants, y compris en cas d’échappement vaccinal. La solidarité internationale reste néanmoins le meilleur rempart contre l’apparition et la prolifération de nouveaux variants.
L’Europe va-t-elle remporter la course vaccinale ? Très mal partie, elle dame aujourd’hui le pion aux Etats-Unis. « Nous sommes récemment devenus le premier producteur mondial de vaccins. Nos cinquante-cinq usines fonctionnent à plein régime », affirme Thierry Breton, Commissaire européen au marché intérieur et responsable de la task force sur la vaccination. Par la voix de son représentant, la CE dit être en mesure de produire 300 millions de doses par mois, soit dix fois plus qu’en janvier dernier, où elle était alors en grande difficulté : « Nous sommes désormais capables de subvenir aux besoins de nos ressortissants, et même au-delà. » Depuis le début de la crise sanitaire, 600 millions de doses ont été fabriquées puis livrées sur le Vieux Continent ; 720 millions de doses y ont également été produites avant d’être exportées, notamment dans le cadre du dispositif Covax. Des « standards élevés » qui ont directement contribué à vacciner plus de sept adultes sur dix. « Une cible atteinte mi-juillet conformément aux objectifs fixés », rappelle-t-il. Honorable, la performance globale souffre néanmoins d’une exception notable. Très inférieurs à la moyenne continentale, les taux de vaccination s’avèrent toujours « préoccupants » en Bulgarie et en Roumanie.
Un défi humanitaire
Généralisée ou non, la perspective d’une troisième injection ne devrait pas compromettre la dynamique vaccinale ni l’équilibre des stocks. « Cette demande supplémentaire pourra être largement absorbée. Grâce à notre flux de production et à nos réserves, nous pourrons garantir un approvisionnement continu à technologie constante », confirme Thierry Breton. ARNm oblige, le risque d’échappement vaccinal ne constituerait pas une « menace rédhibitoire » pour autant. « Il faudra patienter six semaines en attendant la mise au point d’une nouvelle formule par les laboratoires spécialisés. Il nous faudra ensuite trois mois pour assurer la fabrication et la distribution des nouveaux vaccins. Ce sera un délai incompressible ! » Selon lui, le meilleur rempart contre l’apparition de variants plus agressifs sera de venir en aide aux plus démunis, à commencer par l’Afrique. « Il y a un véritable enjeu humanitaire, dont la communauté internationale doit rapidement se saisir. Nous devons accroître les dons et accompagner le développement des installations nécessaires dans les zones géographiques déficitaires. Les Etats-Unis devront jouer tout leur rôle dans ce processus salvateur », estime Thierry Breton. A la faveur d’une nouvelle livraison de 950 millions de doses prévue d’ici à la fin de l’année, les différents Etats membres de l’UE pourront aussi y participer.
Jonathan Icart
NB : ces propos ont été recueillis ce lundi à l’occasion d’un point presse organisé par la Représentation en France de la Commission européenne.