La healthtech, nouvelle alliée contre la douleur
Les nouvelles technologies auront sans aucun doute un rôle à jouer pour faciliter la prise en charge de la douleur. Les intervenants au colloque de Pharmaceutiques sont venus en débattre.
Pour différentes raisons qui tiennent à la crainte d’effets secondaires ou à la phobie pure de l’anesthésie, des alternatives à la sédation se développent dans les hôpitaux. « L’hypnose médicale est par exemple de plus en plus courante en France, en remplacement ou en complément de l’anesthésie », a témoigné Marie-Charlotte Desmaizieres, médecin anesthésiste et référente de l’Institut d’hypnose à l’Hôpital Paris Saint-Joseph, au colloque de Pharmaceutiques le 25 mai dernier. Cette pratique ouvre la voie à d’autres, telle que la réalité virtuelle, la musicothérapie ou la méditation de pleine conscience. « Le futur de la médecine comprendra clairement un cocktail de ces outils pour une meilleure expérience de la sédation, en complément ou en alternative à celle-ci, assure Etienne Lepoutre, directeur général de Bliss DTx, qui propose des programmes sons et images via un casque de réalité virtuelle. Il faut donc standardiser et protocoliser les approches non médicamenteuses de la sédation et aligner les pratiques. »
Des preuves pour un remboursement
La start-up Sublimed a, elle, développé un dispositif médical de neurostimulation électrique transcutanée, compact et connecté, qui permet aux patients douloureux chroniques de vivre au quotidien avec leur neurostimulateur. Mais son accès est encore restreint. « Les freins d’intégration sont ceux du remboursement par les autorités de santé et des ressources disponibles pour la diffusion de l’offre vers les médecins », décrit Nicolas Karst, cofondateur de Sublimed. Ces dispositifs doivent faire leurs preuves médico-économiques pour intégrer un nouveau parcours de soins. Marie-Charlotte Desmaizieres estime qu’il n’y pas encore suffisamment de démonstration clinique, « mais nous avons de nombreux retours positifs des patients et constatons qu’il y a moins de sédations administrées ». Au-delà du coût du sédatif non utilisé, il faudra prendre en compte les éléments d’impact organisationnel des blocs opératoires pour évaluer le bénéfice médico-économique. Nicolas Karst cite le coût des effets indésirables et arrêts de travail évités, des trajets en taxi pour les patients en sortie de sédation notamment, et la libération du temps médical. « Les recommandations des sociétés savantes seront indispensables à la mise en place d’un parcours de soins », assure Etienne Lepoutre.
Une aide au médecin
« La file active étant très longue aujourd’hui pour la prise en charge de la douleur, c’est le moment ou jamais de revoir l’organisation de l’hôpital et de pousser ces innovations pour améliorer la prise en charge », poursuit le dirigeant de Bliss DTx. « Ces outils resteront une aide, et ne remplaceront jamais l’humain qui les pratique, rassure Marie-Charlotte Desmaizieres. Il n’y a pas de crainte à avoir de ces innovations, à condition de faire un vrai travail de formation des professionnels de santé pour encadrer les usages. » Elle s’inquiète toutefois que n’importe qui puisse se former à l’hypnose dans des instituts dédiés et s’installer en libéral : « cela mérite d’être davantage encadré ! ».
Juliette Badina