Zeina Eid Antoun (ViiV Healthcare) : « Sensibiliser pour mieux comprendre »
Arrivée à la tête de la direction médicale de ViiV Healthcare France et Belgique en janvier dernier, Zeina Eid Antoun commente pour Pharmaceutiques l’actualité autour du VIH et l’arrivée ce vendredi 8 septembre du bus « Tackle HIV« .
ViiV Healthcare est partenaire de la campagne « Tackle HIV« *, une initiative menée par le rugbyman Gareth Thomas, dont le bus est présent en France pour la Coupe du monde. Pourquoi est-il encore important de faire parler du VIH ?
Zeina Eid Antoun, directrice médicale pour ViiV Healthcare France et Belgique : L’objectif est de sensibiliser le grand public pour mieux comprendre le VIH. Le bus « Tackle HIV » et Gareth Thomas, ancien capitaine du XV Gallois, se rendront à Paris, Toulouse et Nice – villes hôtes de la Coupe du monde – pour porter leur engagement auprès des fans de rugby, poursuivre la campagne éducative sur le VIH et souligner l’importance du dépistage. Des croyances et des idées fausses continuent d’exister, conduisant à une véritable stigmatisation qui affecte le bien-être et la qualité de vie des personnes vivant avec le virus, et qui peut même conduire à une réticence à faire un test de dépistage. La campagne « Tackle HIV » promeut une meilleure compréhension du VIH afin de réduire la stigmatisation et de motiver chacun à jouer un rôle pour atteindre l’objectif fixé par l’ONUSIDA de mettre fin au Sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030.
Quelle est la situation en France ?
Environ 170 000 personnes sont atteintes du VIH en France, et nous estimons à 30 000 le nombre de non-dépistés. 5 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année dans l’Hexagone. Si les CeGGID (Centres Gratuits d’information, de Dépistage et de Diagnostic) permettent une prise en charge immédiate, anonyme et gratuite, ils sont souvent localisés dans les hôpitaux ce qui peut constituer un frein pour certains. On peut également saluer l’extension en 2021 à toute la France du dispositif « Au labo sans ordo ». Mais les pharmaciens restent insuffisamment sensibilisés au dépistage. Il faut aller au plus près des patients ; les bus de santé sexuelle en sont l’occasion.
La recherche a permis de grandes avancées dans le traitement du VIH, et les personnes séropositives sous traitement antirétroviral efficace ne transmettent pas le virus à leur partenaire. Quel sont les prochains défis de ViiV Healthcare ?
Nous cherchons toujours à améliorer la qualité de vie sur le
long terme des patients séropositifs. ViiV Healthcare développe des
bithérapies, afin de réduire le nombre de molécules et les effets secondaires
associés. En parallèle, le développement des formes injectables a aussi permis
de réduire le nombre de prises en augmentant le délai entre chaque
administration : actuellement le cabotégravir en suspension injectable à
libération prolongée est administré tous les deux mois en intra-musculaire, en
association avec la rilpivirine. Le cabotégravir est également homologué
outre-Atlantique dans la PrEP au VIH depuis décembre 2021. Le 24 juillet, le
CHMP a donné son feu vert pour une utilisation dans la même indication en
Europe.
La prochaine étape est de mettre à disposition des formes sous-cutanées avec
des études de phase Ib qui démarrent, pour rendre le patient plus autonome
face à ses injections, avec à terme une injection tous les six mois.
Enfin le réservoir viral représente un défi à vaincre pour atteindre l’objectif
de « guérison ». Nous cherchons à contrôler ce réservoir en
développant de nouvelles cibles thérapeutiques mais aussi en soutenant la mise
en place d’actions pour développer le diagnostic et améliorer la prise en
charge des patients.
Travaillez-vous sur de nouveaux mécanismes d’action ?
Nous menons des essais de preuve de concept sur trois
nouveaux produits, pour cibler toutes les phases d’entrée du virus dans la
cellule, et arriver le plus tôt possible dans le processus d’infection de
l’hôte. Nous développons aussi un anticorps monoclonal qui nécessite un test de
résistance phénotypique compagnon .
Aussi, 40 ans après la découverte du virus, l’espoir d’un vaccin est encore
permis. J’ai longtemps travaillé chez GSK, et nous avions atteint la phase III
dans le développement d’un vaccin contre le sida en 2007, mais celui-ci a
échoué. Les technologies ARNm ouvrent aujourd’hui une nouvelle piste potentielle
de développement.
Propos recueillis par Juliette Badina
* Tackle HIV : plaquer le VIH