Marché pharmaceutique : croissance pérenne jusqu’en 2027
Malgré un contexte international incertain, IQVIA prévoit une expansion des dépenses de médicaments dans les années à venir. L’Europe s’inscrit dans cette dynamique.
Une croissance moyenne de 3 à 6 % par an pour atteindre environ 1 900 milliards de dollars. Telle est l’estimation de l’évolution du marché du médicament d’ici 2027, annoncée par IQVIA dans son panorama annuel I360. Selon l’organisme, les dépenses mondiales devraient excéder les prévisions d’avant pandémie de 497 Mds$ d’ici à 4 ans. Et ce malgré des incertitudes sur la demande (défiance envers la vaccination notamment) et sur l’usage des traitements.
De fortes disparités se produiraient selon les zones géographiques, remarque Stéphane Sclison, Directeur associé, expert du marché du médicament d’IQVIA France. Certains pays comme l’Inde (+8 à 9 %), le Brésil (+8 à 9 %), le Mexique (+9 à 10 %) ou encore la Turquie (+ 33 à 34 %) enregistreraient une croissance forte, à la fois en volume et en valeur. A l’inverse, le marché japonais resterait quasi stable (0 à +1 %), notamment en raison des contraintes pesant sur ses coûts de santé. En Chine, suite aux mesures prises pour contenir le niveau de ses dépenses pharmaceutiques, la progression du marché devrait ralentir (+2 à 3 %).
Dynamisme de l’Europe malgré les contraintes sur les prix
Dans les pays développés, IQVIA prévoit une croissance moyenne annuelle de 4 à 5 % jusqu’en 2026. La vigueur des Etats-Unis, pesant pour 48 % du marché mondial, et du Canada ne se démentirait pas (avec des hausses de respectivement 4-5 % et de 6-7 %). Quant à l’Europe, elle poursuivrait son expansion forte dans les années à venir, notamment grâce à une utilisation plus large des molécules innovantes à des prix moyens plus élevés. La France, plus particulièrement, rejoindrait le club des pays dynamiques (Allemagne et Royaume-Uni), en enregistrant le même taux de croissance soutenu (+5 à 6 % attendu). Elle serait imitée par l’Italie et l’Espagne. Pour Elsa Duteil Directrice associée, prix et accès au marché d’IQVIA France, les contraintes budgétaires s’intensifieront dans les années à venir. « Dans 77 % du marché mondial en valeur, représenté par 8 pays dont 5 européens, ont été mises en place des mesures de régulation de la dépense médicamenteuse, depuis la pandémie de Covid-19 ». Ainsi l’Espagne a la volonté de peser sur les prix, en faisant jouer la concurrence, avec un développement de traitements intra-hospitaliers. En France, la pression s’accentue. Même les Etats-Unis ont mis en place un système plus contraignant de régulation des dépenses médicamenteuses.
L’oncologie toujours à l’honneur
Pour Stéphane Sclison, l’enjeu de l’innovation portera dans les années à venir sur les maladies liées au vieillissement. Au sein des différentes aires thérapeutiques, l’oncologie, qui représente plus de 30 % du pipeline mondial, restera stimulée par l’innovation. Elle demeurera l’un des moteurs du dynamisme du marché (+13 à 16 % par an escompté pour atteindre 377 Mds$ à l’horizon 2026) tandis que l’obésité, représentant encore par comparaison un marché relativement faible (17 Mds$ attendus en 2026), devrait continuer son inexorable et préoccupante progression (+ 10 à 13 %). De leur côté, l’hypercholestérolémie et la dermatologie devraient enregistrer des hausses soutenues (de respectivement 5 à 8 % et 4 à 7 %). Aussi, l’immunologie, le diabète (exponentiel dans certains pays émergents), le respiratoire, la gastro-entérologie et la douleur resteront porteurs (+3 à 6 % pour toutes ces aires jusqu’en 2026).
Christine Colmont