Trois propositions pour le développement des biosimilaires
Alors que parmi les 10 médicaments les plus coûteux pour l’assurance maladie, six sont des biologiques, et que de nombreux brevets arrivent à échéance d’ici 2030, l’association GEMME formule trois propositions simples et concrètes pour favoriser le développement des biosimilaires.
« Avec seulement 23 % de taux de pénétration en ville et 69 % à l’hôpital, l’usage des biosimilaires sur leur marché de référence est encore très loin de l’objectif de 80 % défini par les pouvoirs publics au sein de la Stratégie Nationale de Santé 2018-2022 », rappelait Stéphane Joly, président du GEMME (Génériques même médicaments), ce mardi 29 juin lors d’une conférence de presse. Seul un modèle sécurisant pour les patients et incitatif pour les professionnels de santé (médecins et pharmaciens) permettra d’atteindre les objectifs fixés. Alors que les produits biologiques représentent plus de 20 % des dépenses de l’assurance maladie en France et que trois molécules biologiques du « Top 5 » des médicaments de ville les plus coûteux totalisent plus d’un milliard d’euros de dépenses, le GEMME émet trois recommandations pour favoriser le développement des biosimilaires. Ceux-ci représentent en effet une alternative thérapeutique de 30 à 40 % moins chère que le médicament biologique de référence au moment de sa mise sur le marché.
Améliorer la confiance dans la sûreté, l’efficacité et la traçabilité
Le GEMME préconise un meilleur accompagnement qui doit associer le binôme médecin-prescripteur et pharmacien de façon complémentaire, et une plus large information des patients afin de favoriser leur adhésion au traitement. Ce suivi passerait notamment par un entretien dédié avec le pharmacien en début et en cours de traitement, « comme c’est le cas par exemple pour le suivi des chimiothérapies orales », rappelle Alain Grollaud, pharmacien, président de Federgy (syndicat des groupements de pharmaciens). « Si les premiers biosimilaires sont arrivés il y a une vingtaine d’années et qu’une acculturation s’observe, il est nécessaire de prendre le temps de faire de l’information et de la pédagogie avec les patients », observe Françoise Alliot-Launois, vice-présidente de l’AFLAR (Association française de lutte anti-rhumathismale).
Accorder le droit de substitution
« Si le taux de pénétration des biosimilaires est bien meilleur à l’hôpital qu’en ville, c’est certainement à cause de l’absence de substitution par le pharmacien d’officine », juge Christian-Eric Mauffre, pharmacien, membre de Federgy. Le GEMME propose ainsi d’autoriser les officinaux à délivrer un biosimilaire à la place du biologique de référence a minima en initiation de traitement, dans le cadre d’une approche coordonnée et encadrée. Cette mesure est soutenue par l’Académie nationale de Pharmacie. Le ministre de la Santé a organisé une concertation avec l’ensemble des parties prenantes pour remettre à plat le cadre législatif et réglementaire qui doit aboutir pour la prochaine loi de financement de la sécurité sociale. Le professeur Alain Astier, chef du service de pharmacie à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil) et membre de l’Académie nationale de Pharmacie, prône – à titre plus personnel – pour « une substitution totale, y compris en cours de traitement sur l’ensemble du répertoire ».
Valoriser l’implication des professionnels de santé
Un honoraire de suivi du patient pourrait être mis en place pour les médecins et les pharmaciens afin de valoriser leur implication, grâce aux économies générées par un plus grand recours aux biosimilaires. La Cour des Comptes, dans son rapport de septembre 2017 sur l’application des LFSS, estimait qu’un recours plus large à ces alternatives permettrait d’économiser plus de 600 millions d’euros chaque année.
Juliette Badina