La HealthTech française face aux défis de la filière

Face à une situation économique et politique tendue, France Biotech dévoile ses priorités stratégiques 2025/2026 pour soutenir la compétitivité des HealthTech françaises. L’association mobilise la filière autour de deux initiatives majeures : le Grenelle du financement, prévu mi-octobre, et le lancement d’un plan d’accélération de l’innovation en santé.
La troisième édition de l’étude menée par France Biotech sur la situation financière des entreprises (1) confirme que 89 % des entreprises HealthTech se sentent impactées par le contexte économique actuel, avec une dégradation de la trésorerie et des difficultés croissantes d’accès au financement. 70 % d’entre elles prévoient de lever des fonds dans les six prochains mois. « Le financement est la première préoccupation des acteurs » souligne Chloé Evans, adjointe à la directrice générale de France Biotech, en conférence de presse ce 24 septembre. Et 79 % des entreprises rencontrent des difficultés pour se financer. Malgré ces tensions, le secteur reste résilient. « Plusieurs acteurs, comme Abivax ou DBV Technologies, Genfit, MaaT Pharma, Coave, EG427, Enterome, Tafalgie, Wandercraft, SafeHeal, Robeauté, Bioptimus, Seqone, Netri, ont récemment annoncé d’importantes levées de fonds ou des accords stratégiques majeurs, confirmant l’attractivité de l’écosystème français, se félicite Frédéric Girard, président de France Biotech. Malgré les difficultés financières, on observe une augmentation du nombre d’entreprises, d’emplois, et des dépenses de R&D. »
Un écosystème sous pression, mais dynamique
France Biotech lancera le 13 octobre prochain un Grenelle du financement, qui réunira investisseurs, experts et représentants publics pour dresser un état des lieux des solutions existantes et proposer des axes d’amélioration concrets. « Nous voulons explorer les différentes sources de financements privés, prévient Eric Cohen, managing director de Agile Capital Markets, en complément du fort soutien public historique, qui reste une composante essentielle. » Plusieurs pistes sont déjà identifiées : orienter une part de l’épargne et de l’assurance-vie vers les HealthTech, créer de nouveaux produits d’épargne dédiés pour les particuliers et family offices, inciter les grands industriels de santé à investir dans les startups, et élargir certains dispositifs existants, comme l’initiative Tibi, à l’échelle européenne.
L’association travaille également à la rédaction d’un plan d’accélération de l’innovation, avec pour objectif d’« accélérer l’accès des patients aux innovations qui sortent des structures académiques françaises », indique Frédéric Girard. Ce plan vise à optimiser l’impact de ces découvertes, renforcer l’ancrage national de la recherche (pré)clinique et la production industrielle, réduire les délais d’accès aux patients, limiter la dépendance aux technologies étrangères, ainsi que lever les freins persistants. Ceux-ci concernent le financement, l’accès au marché et le cadre réglementaire, mais également l’accès aux données et aux talents. « La vague d’innovations va s’accélérer notamment avec l’utilisation des outils d’IA, indique le président. Il faut renforcer l’autonomie stratégique et maximiser la création de valeur. » Ce plan donnera lieu à un livre blanc assorti d’objectifs opérationnels mesurables, destiné à nourrir les programmes des décideurs publics à l’horizon 2027.
Stabilité fiscale et réglementaire : une priorité
Les résultats de l’étude sur la situation financière des entreprises soutiennent ces propositions, en insistant notamment sur l’importance du Crédit Impôt Recherche (CIR) : 87 % des entreprises utilisent le CIR, qui représente jusqu’à 30 % des dépenses d’exploitation. « France Biotech milite également pour la sanctuarisation du statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI), utilisé par la quasi-totalité des entreprises HealthTech », rappelle Chloé Evans, en charge des études sectorielles. France Biotech appelle à une mobilisation collective pour consolider les dispositifs de soutien et créer de nouveaux outils adaptés. « La stabilité fiscale et réglementaire reste une priorité pour permettre aux innovations d’arriver plus vite jusqu’aux patients », conclut Frédéric Girard.
Par Juliette Badina
(1) Etude réalisée auprès des acteurs de l’écosystème du 30 juin au 22 août 2025 ; 123 entreprises répondantes