Le Paris Saclay Cancer Cluster entre dans sa phase opérationnelle
« Ville dédiée au cancer » au sud de l’Ile-de-France, le PSCC bénéficiera d’un soutien de l’Etat allant jusqu’à 100 M€ sur dix ans. Dès aujourd’hui, les porteurs de projets industriels en cancérologie peuvent soumettre leur candidature pour pouvoir prochainement accéder à une vaste gamme de services.
Annoncé par le président de la République en juin 2021 lors de la présentation du plan Innovation Santé 2030 et officiellement lancé en février 2022, le Paris Saclay Cancer Cluster (PSCC) a célébré en grande pompe ce premier anniversaire le 3 février dernier (veille de la Journée mondiale contre le cancer), avec cette fois son lancement opérationnel. Pas moins de trois ministres – François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, se sont déplacés à Villejuif pour cet événement, symbolisant ainsi, selon les mots de cette dernière, leur attachement à la « continuité entre la recherche, l’innovation et le soin ». Inspiré du cluster de Boston, le PSCC devra se positionner comme « un espace de soutien aux entrepreneurs pour leur permettre de passer à l’échelle supérieure, avec en ligne de mire le soin des patients », souligne Sylvie Retailleau. « Notre ambition est de changer le rythme de l’innovation en oncologie, afin de la rendre plus prédictible, plus précise est plus efficace », s’enthousiasme Eric Vivier, PU-PH en immunologie à Marseille, directeur scientifique d’Innate Pharma et président de l’association PSCC.
Celui-ci présente d’ores et déjà le cluster, encore largement en chantier, comme la « première ville nouvelle entièrement dédiée au cancer en Europe ». Le cœur du réacteur est le centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy, au côté des autres fondateurs : l’Inserm, l’Institut Polytechnique de Paris, l’Université Paris-Saclay et le laboratoire pharmaceutique Sanofi. Le cluster affiche déjà 80 membres, en Ile-de-France et au-delà. Dévoilé fin décembre dernier, son conseil stratégique est entièrement international.
Une ambition commune « inédite »
Désigné premier lauréat, le 5 décembre 2022, de l’Appel à manifestation d’intérêt biocluster de France 2030, le PSCC bénéficiera dans ce cadre d’un soutien étatique de 100 M€ maximum sur dix ans. Ce montant sera versé en plusieurs tranches, sous condition d’atteinte d’objectifs intermédiaires, et d’apports et de cofinancements supérieurs à la subvention utilisée dans les cinq ans. Sanofi a prévu une enveloppe globale pouvant aller jusqu’à 150 M€, dont 50 M€ pour soutenir le démarrage du cluster. « L’écosystème existait déjà, mais ce qui est nouveau c’est cette ambition commune de se rassembler sur le même site et d’y consacrer à la fois les talents, les technologies et des moyens financiers conséquents, se réjouit Audrey Derveloy, présidente de Sanofi France. Pour notre groupe, mettre notre expertise industrielle au service de cet écosystème, au-delà des partenariats bilatéraux que nous avons déjà noués avec d’autres acteurs du cluster, est réellement un enjeu de santé publique. Sanofi a tout à gagner à ce que la France se hisse au rang des leaders mondiaux en oncologie, et nous appelons tous les industriels engagés dans ce domaine à se joindre à nous ! »
« Le cluster va nous permettre de parler le même langage, de réunir une masse critique autour de plateformes du meilleur niveau mondial, et aussi de développer notre visibilité à l’international pour fixer les talents et en attirer de nouveaux », applaudit Thomas Lombes, directeur général délégué à la stratégie de l’Inserm.
Une offre multimodale et évolutive pour accélérer les projets industriels
Dès le 6 février, les porteurs de projets industriels en cancérologie – qu’ils soient issus d’une structure académique ou d’une start-up – sont invités à se manifester auprès du bureau d’orientation et de support (SOO) pour candidater, afin de bénéficier de l’offre du cluster. Cette offre multimodale se déclinera en expertises (scientifique, clinique, business), plateformes scientifiques et technologiques, formations, données, locaux. Si le volet « expertise » commencera à être mis en place dès le premier semestre, les 14 plateformes ne seront opérationnelles que progressivement, à partir du deuxième semestre 2023. La plateforme de thérapie cellulaire, en construction sur le site flambant neuf de Saint-Cloud de l’Institut Curie, l’un des partenaires du PSCC, devrait ainsi être inaugurée fin 2023.
Un accent particulier sera mis sur la donnée de santé : un peu moins de 30 M€ devraient être investis pour permettre aux hôpitaux du cluster de structurer leurs données et de les rendre interopérables, afin de pouvoir les mettre à disposition des porteurs de projets.
Un support financier est également possible, sous forme d’une aide à l’identification des financements existants ou d’un accompagnement auprès d’investisseurs, d’un complément de financement ou d’un soutien initial (avance remboursable de 250 000 euros renouvelable une fois) pour générer un effet de levier. « Nous serons dans un « diagnostic » permanent, pour faire évoluer notre offre globale en fonction des besoins de l’innovation en cancérologie », assure Benjamin Garel, directeur du PSCC. L’histoire ne fait que commencer.
Julie Wierzbicki