Démographie pharmaceutique : un accès aux soins garanti, malgré les fermetures
Tous métiers confondus, le nombre de pharmaciens continue d’augmenter. Une constante depuis dix ans, selon les dernières données ordinales. Malgré les fermetures d’officines, l’accès aux soins de proximité ne serait pas menacé.
Les grandes tendances se confirment dans le temps. Au 1er janvier 2020, 74 227 pharmaciens figuraient au tableau de l’Ordre, soit une légère augmentation par rapport à l’année précédente (0,2 %). La féminisation de la profession et le renouvellement générationnel se poursuivent également. Au-delà de l’âge moyen qui tend à se stabiliser depuis 2016 (46,7 ans), les moins de 37 ans représentent désormais un peu plus du quart des effectifs (28,3 %). Plus de la moitié des ressortissants de chaque filière sont des femmes, aujourd’hui très largement majoritaires (67 %). A noter : les officinaux regroupent près des trois-quarts des forces vives de la branche pharmaceutique (72,4 %).
1 726 officines en moins… en dix ans
Selon l’Ordre, les principaux indicateurs démographiques se sont améliorés au cours de la décennie écoulée, à commencer par le nombre d’inscrits (1,2 %). Les pharmaciens de l’industrie enregistrent la plus forte hausse en la matière (17 %), à l’inverse des pharmaciens biologistes (- 12,5 %). Autre exception culturelle, la proportion des titulaires d’officine a sensiblement chuté sur la période (- 7 %). Un recul qui va de pair avec la diminution conséquente des pharmacies implantées en métropole*. Confrontées à des difficultés économiques rédhibitoires, 1 726 d’entre elles ont baissé pavillon, dont 219 l’an dernier. « La plupart des fermetures sont liées à un mouvement de concentration qui s’est traduit par une progression significative des regroupements », précise Pierre Béguerie, président de la section A. Les données décennales sont formelles : la courbe des officines exploitées en nom propre est inversement proportionnelle à celle des associations**.
Un maillage « harmonieux et équilibré »
Malgré quelques soubresauts, la restructuration du réseau officinal et le développement des maisons de santé pluridisciplinaires n’auraient visiblement pas impacté la densité de l’offre pharmaceutique. « Le maillage territorial est à la fois harmonieux et équilibré. Il favorise toujours la proximité avec la population et l’accès aux soins de premier recours. Nous sommes actuellement capables de répondre aux besoins des patients en tout point du territoire », souligne Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Chiffres à l’appui, elle évoque une moyenne de 32 officines, 7,1 laboratoires de biologie médicale et 3,6 pharmacies à usage intérieur pour 100 000 habitants***. Une répartition démo-géographique jugée « cohérente et homogène », y compris dans les zones en voie de démédicalisation.
Jonathan Icart
(*) Au 1er janvier 2020, 20 736 officines étaient implantées en France métropolitaine, contre 22 462 en 2008.
(**) 3 848 officines sont actuellement exploitées en nom propre, contre 11 090 en 2008.
(***) Selon le CNOP, 90 % des communes bénéficient d’une pharmacie à moins de 7,2 kilomètres à vol d’oiseau.