Futur vaccin contre le sida cherche testeurs
Au 1er mars, le Vaccine Research Institute (VRI) lance une campagne de recrutement de jeunes volontaires pour un essai de phase I d’un vaccin contre le VIH utilisant une nouvelle technologie prometteuse.
1,7 million de nouvelles contaminations par le VIH ont été recensées au niveau mondial en 2019, dont près de 6 000 en France, selon l’OMS. Les outils de contrôle de l’épidémie (préservatif, trithérapies, prophylaxie pré-exposition…) pourraient être complétés par un vaccin, en cours de développement par le Vaccine Research Institute (VRI). « Nous fondons beaucoup d’espoir sur notre candidat. Les résultats sont très intéressants dans les modèles animaux, et comparés à d’autres candidats mis au point par un consortium aux Etats-Unis », a souligné le Pr Jean-Daniel Lelièvre, responsable du département de recherche clinique du VRI, le 25 février lors d’une conférence de presse. Le laboratoire d’excellence a annoncé le lancement, au 1er mars, d’une campagne de recrutement de 72 volontaires pour un essai clinique de phase I. Des flyers distribués au sein des universités, des affiches et un site web dédié appelleront les jeunes – cible prioritaire du futur vaccin – à participer. L’étude sera conduite par trois hôpitaux franciliens et par le CHU vaudois à Lausanne (Suisse). Elle visera à évaluer la tolérance et la réponse immunitaire à ce produit basé sur une approche innovante : la fixation de la protéine de l’enveloppe du VIH sur les anticorps monoclonaux et l’injection de ces derniers dans les cellules dendritiques. « Il s’agit de diriger la réponse contre le VIH exactement au niveau des cellules les plus importantes pour l’éducation et l’activation du système immunitaire », explique le Pr Yves Lévy, directeur du VRI et investigateur principal de l’essai. Le candidat sera administré seul ou en association avec un vaccin à ADN, actuellement en phase IIb, qui améliore et prolonge la réponse immunitaire.
Continuum de la recherche fondamentale
« L’essai sera mené sur un nombre limité de personnes mais des outils d’intelligence artificielle permettront de maximiser les données pour éviter les pertes de chances et de temps. Cela nous aidera aussi pour des vaccins contre d’autres maladies infectieuses comme le covid par exemple, reprend Yves Lévy. Ce projet est l’aboutissement de plusieurs années de travail pour la mise au point d’une plateforme vaccinale unique. C’est une avancée importante pour la recherche publique française. » Depuis sa création en 2011 par l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales, aujourd’hui ANRS-Maladies infectieuses émergentes), l’Inserm et l’Université Paris-Est-Créteil, le VRI a pour but d’établir un continuum de la recherche fondamentale. « Il mobilise aujourd’hui 18 équipes de différents organismes en France (Institut Pasteur, Institut Curie, AP-HP…), en Europe, en Suisse et aux Etats-Unis. Il est organisé comme un institut hors les murs, avec un cœur à l’hôpital Mondor Créteil (Val-de-Marne). 150 chercheurs accompagnent le programme dont de nombreux étudiants, post-doctorants, ingénieurs et techniciens », décrit Yves Lévy. Les premiers résultats de l’étude de phase I sont attendus sous 12 à 18 mois.
Muriel Pulicani