Immersion au LabForSIMS
Installé en 2012 dans deux petites pièces de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, le LabForSIMS est le centre de simulation médicale de pointe de la Faculté de Médecine Paris-Saclay. Il dispose aujourd’hui d’une infrastructure complexe sur une surface de 300 m2.
Commandés depuis une régie de pilotage vitrée sans tain, les mannequins « haute-fidélité » du LabForSIMS simulent la respiration, la parole et divers paramètres physiologiques en temps réel. Des conditions et un matériel de pointe qui permettent de récréer des situations critiques bien réelles dans lesquelles les étudiants peuvent s’immerger. « Les apprenants s’entraînent à des gestes techniques simples ou plus sophistiqués comme l’intubation ou la pose de voie veineuse sous échographie. Il peut aussi s’agir de situations de stress intense bien réelles, tout en étant encadrés par des professionnels ayant aussi la compétence de formateur en simulation », décrit le professeur Dan Benhamou, directeur du laboratoire. Le LabForSIMS dispose également de simulateurs de réalité virtuelle, de laparoscopie, de cœlioscopie, et d’outils de chirurgie ORL avec retour haptique permettant un ressenti tactile de la dureté des tissus ou des os. Outre les salles de simulation procédurale, l’espace comprend également des salles de débriefing, d’observation et des espaces polyvalents avec stockage. Ce centre de simulation médicale est issu de la collaboration entre l’Université Paris-Saclay, la Faculté de Médecine Paris-Saclay et l’AP-HP, Assistance Publique – Hôpitaux de Paris.
De la formation initiale et continue
Le Pr Benhamou, PU-PH au Service d’Anesthésie Réanimation Médecine Péri Opératoire, partage son temps entre l’hôpital et l’université, tout comme la Pr Antonia Blanié, directrice adjointe du LabForSIMS. Nous endossons tour à tour le rôle de formateur, patient simulé, observateur, évaluateur et gestionnaire au sein de la plateforme. Cet engagement, ainsi que celui des autres formateurs de l’Université Paris-Saclay, sont cruciaux pour le fonctionnement de l’unité. Le laboratoire emploie deux techniciens (1,5 ETP), deux ingénieurs pédagogiques et un secrétariat en temps plein, dont les postes sont pris en charge par la faculté. Le personnel médical et infirmier de l’hôpital participe également à la formation, sur leur temps personnel ou dans le cadre de leurs activités d’intérêt général. Les besoins financiers sont importants. Outre les salaires, il faut compter sur l’achat de matériel coûteux et la maintenance. Le financement provient surtout des appels à projets et des bourses universitaires, tant au niveau régional, national qu’européen. Les formations continues, payantes, sont par ailleurs réalisées sur le site et contribuent aux recettes du centre. « La formation des étudiants en médecine, kinésithérapie et soins infirmiers est une priorité, assure Pr Dan Benhamou, avec des cours de simulation qui sont intégrés dans leurs cursus ». LabForSIMS a contribué à la mise en place des nouveaux examens du cursus de médecine, les ECOS (Examens Cliniques Objectifs et Structurés) qui complètent les traditionnels tests de connaissances, et contribue encore à la préparation des sessions. « Les compétences à évaluer sont variées comme l’entretien clinique, les gestes techniques, la relation médecin-patient, la prise en charge thérapeutique, l’examen physique, la démarche de diagnostique… », décrit le professeur. Concrètement, l’examen inclut cinq à dix stations et une consigne simple que l’étudiant-médecin devra réaliser sur chacune d’entre-elles en 7 minutes maximum.
Un centre certifié par la HAS
Le centre a été l’un des premiers à obtenir, dès 2016, la certification volontaire de type 3 (grosse structure avec de la recherche) de la Haute Autorité de Santé, soit le niveau le plus élevé. Il a été recertifié en 2022, gage de qualité et de rigueur. Une trentaine de centres environ sont certifiés par la HAS en France. Fruit d’un partenariat entre la HAS et la SoFraSimS, le Guide sur l’évaluation des infrastructures de simulation en santé vient d’être actualisé. Cette mise à jour intègre les bonnes pratiques en simulation (éditée en mars 2024 ; le premier guide datait de 2012), les retours d’expérience des évaluations menées par la SoFraSimS, ainsi qu’une nouvelle approche de cotation plus précise, tenant compte des ressources, de la qualité des programmes, de l’organisation, de la recherche et de l’évaluation. « La simulation en santé joue un rôle clé dans la qualité et la sécurité des soins », assure le Pr Benhamou. Celle-ci est désormais reconnue dans le référentiel 2025 de certification des établissements de santé de la HAS, avec une mention spécifique sur son usage pour la formation des personnels à la gestion des risques (critère 3.2-04).
Une extension à venir
Le LabForSIMS ne se limite pas à l’hôpital Bicêtre. Depuis deux ans, le centre s’est étendu avec l’ouverture d’une « annexe » très dynamique à l’hôpital Antoine Béclère (Clamart), sur 130 m2. Le GHU des hôpitaux de Bicêtre, Paul Brousse et Antoine Béclère, ainsi que des GHT associés au GHU, ont signé une convention avec la Faculté de Médecine Paris-Saclay en octobre dernier pour la formation des professionnels, à travers la simulation. Le LabForSIMS est désigné comme le centre de simulation de référence sur le périmètre. Si tous les CHU français possèdent des centres de simulation, à des niveaux de développement très variables, « le LabForSIMS se distingue par son dynamisme et ses performances, largement porté par le service d’Anesthésie Réanimation de l’Hôpital Bicêtre », assure le Pr Benhamou. L’équipe du LabForSIMS est également très impliquée dans la SoFraSimS (Société Francophone de Simulation en Santé). Plusieurs groupes de travail ont été mis en place au sein de la société savante, l’un permettant la révision annuelle du chapitre sur la simulation numérique, un autre travaillant sur le volet pédagogique ou un autre dirigé par les techniciens par exemple.
Avec plus de 7 000 personnes formées en 2024 au LabForSIMS sur 390 séances et entre cinq et dix publications de recherche en pédagogie dans des revues internationales chaque année, il est l’un des centres les plus actifs du pays. Alors que le taux d’occupation atteignait 170 % en 2024, le laboratoire a de belles perspectives devant lui, avec un doublement de la surface à prévoir sur le site de Bicêtre dans les prochaines années.
Juliette Badina
