Merck inaugure son Biotech Development Center en Suisse
Bénéficiant d’un investissement de 250 M€, le nouveau Biotech Development Center confirme le rôle de tout premier plan de la Suisse dans le développement et la production de médicaments biotechnologiques de Merck KGaA pour les patients du monde entier autour de trois axes thérapeutiques : immunologie, oncologie et neurosciences.
Le groupe allemand Merck inaugure ce 7 juin son nouveau Biotech Development Center à Corsier-sur-Vevey en Suisse. Parmi les officiels, un véhicule à guidage automatique (Automatic guided vehicle – VGA) qui vient symboliquement apporter la clé du bâtiment, signe de la modernité du site. Ce centre vient compléter les sites de la région lemanique de production commerciale de Corsier-sur-Vevey et celui Aubonne, chacun des trois étant spécialisé dans des étapes complémentaires du cycle de production d’un médicament biotechnologique. Plus de 250 millions d’euros ont été dédiés à ce nouveau bâtiment. « Le groupe a investi plus de deux milliards de francs suisses dans le pays depuis 2007 », année du rachat des activités de Sereno marquant les premiers investissements du groupe dans les biotechnologies, s’est félicité en ouverture Belén Garijo, présidente du directoire et CEO de Merck, qui a débuté sa carrière dans le groupe en Suisse dix ans plus tôt. Si un plan de restructuration avait abouti en 2012 à la fermeture du siège de Merck Serono à Genève, elle souligne aujourd’hui « l’ouverture d’un nouveau chapitre de Merck dans le pays autour des sciences de la vie et des technologies ». Teresa Rodó, responsable des opérations Healthcare Monde de Merck, salue les qualités de ce campus. Tant du point de vue architectural, ou technologique « avec des solutions de robotisation et d’automatisation », que de soutenabilité environnementale « avec l’utilisation du vitrage dynamique Eyrise® réduisant la consommation d’énergie ». Mais aussi, et surtout, pour sa vocation à « accélérer l’accès des patients aux thérapies innovantes, notamment dans le domaine de l’oncologie où chaque jour compte ».
Du projet au site opérationnel
« Doté de deux lignes de production de lots cliniques identiques, chacune équipée de bioréacteurs de 200 et 2000 litres à usage unique pour la production en continu des protéines d’intérêt thérapeutique, l’outil est complétement automatisé pour une traçabilité de toutes les opérations, détaille Patrick Chkroun, futur directeur du nouveau site. Nous attendons l’autorisation de démarrer les essais cliniques par l’autorité de santé suisse SwissMedic début 2024, pour une première production GMP de lots cliniques de notre composé M9140, un anti-CEACAM-5*, en phase I dans plusieurs types de cancers solides, dès le premier trimestre de l’année, précise-t-il. A pleines capacités de fonctionnement, le Biotech Development Center pourra conduire jusqu’à six développements par an en immunologie, oncologie et neurologie. » Thierry Hulot, directeur général de Merck en France, rappelle que cet investissement a été décidé en 2015 alors qu’il était lui-même à la tête des opérations Healthcare Monde de Merck. Le site réunira dans un premier temps 250 personnes issues de différents sites actuels du groupe. L’ensemble des activités de Merck à Corsier-sur-Vevey regroupe à ce jour un total de 650 collaborateurs.
Un pont entre recherche et marché
Le groupe allemand investit dans son outil industriel afin de maîtriser toutes les étapes de la production d’un médicament, de la recherche à la distribution. « Il mise sur les synergies entre ses différentes activités : les nouveaux produits de la division Healthcare, les équipements de laboratoire de sa division Life Sciences, et les technologies de sa division Electronics telle que Eyrise® », indique Cedric Hyde, directeur financier EMEA de Merck. En mars 2019, le groupe avait annoncé investir 150 M€ à Aubonne pour la construction d’un nouveau bâtiment, qui accueille aujourd’hui un laboratoire de contrôle qualité et deux nouvelles lignes de remplissage aseptique en cours de validation par les autorités réglementaires. « Ces installations permettront de produire jusqu’à 27 millions de flacons par an, notamment le traitement de l’infertilité Gonal-F® (follitropine alfa), l’immunothérapie anticancéreuse Bavencio® (avélumab, sur lequel le groupe vient de mettre fin à l’accord de codéveloppement avec Pfizer) et l’anticancéreux en développement bintrafusp alfa (avec GlaxoSmithKline), détaille Nicolas Dupic, directeur associé de la production aseptique de Merck. La dernière ligne, qui dispose d’une capacité double des lignes actuelles, fonctionnera à pleine capacité dès 2027 compte-tenu des prochains lancements annoncés. » Le groupe, qui espère un nouveau lancement tous les 18 mois, mise sur ses deux prochaines molécules en phase III : l’évobrutinib dans la sclérose en plaques rémittente-récurrente et le xevinapant dans les cancers de la tête et du cou. Le site, compte plus de 850 collaborateurs, et héberge également le centre de logistique et de distribution du groupe qui livre 150 pays dans le monde. Le bâtiment logistique de quatre étages est équipé de plusieurs AGV, deux étiqueteuses, deux lignes de packaging ainsi qu’une ligne d’assemblage de stylos injecteurs qui tourne en continu. Présent depuis 1929 dans le pays, le laboratoire y emploie 2 669 collaborateurs sur huit sites et fait renaître la filière biotechnologique au sein de l’écosystème de la Health valley du Canton de Vaud.
Juliette Badina
* anti-CEACAM-5 : molécule d’adhésion cellulaire liée à l’antigène carcino-embryonnaire 5