Antibiorésistance : une méconnaissance dangereuse
Le dernier sondage OpinionWay sur l’antibiorésistance et les tests diagnostiques associés montre un manque d’information des populations sur le sujet, et des comportements inadaptés y compris auprès de « ceux qui savent ». Une situation alarmante pour bioMérieux qui fait de l’antibiorésistance sa priorité.
Selon une étude réalisée Sondage OpinionWay pour LJCOM – bioMérieux*, dont les résultats ont été présentés mardi 15 novembre, 39 % des Français n’ont jamais entendu parler du phénomène d’antibiorésistance, et 34 % des tests diagnostiques. « 70 % de ceux qui ont pris des antibiotiques ces trois dernières années l’ont fait sans test de diagnostic préalable », s’alarme Nadia Auzanneau, directrice adjointe de OpinionWay. Si près de 80 % des Français interrogés pensent que l’antibiorésistance constitue un problème majeur de santé publique, la menace leur semble lointaine. Des résultats qui inquiètent bioMérieux qui s’est fixé comme première priorité stratégique la lutte contre l’antibiorésistance. Les solutions de diagnostic dans l’antibiorésistance représentent actuellement 80 % du chiffre d’affaires du groupe qui y consacre 76 % de son budget R&D. « Le groupe spécialisé dans le diagnostic in vitro compte innover davantage dans ce domaine, a annoncé son directeur des affaires médicales, Mark Miller, lors d’une visite de son site de Marcy l’Etoile. La problématique de l’antibiorésistance étant de plus en plus préoccupante, nous voulons développer des diagnostics qui donnent des résultats plus rapidement et de manière plus détaillée pour diminuer la durée des séjours hospitaliers et/ou le nombre de jours sous traitement antibiotique », a-t-il indiqué. L’acquisition de la société américaine Specific Diagnostics en avril dernier lui permet de mettre à disposition un système d’antibiogramme qui rend des résultats en cinq heures, contre 10 à 12 heures avec les systèmes traditionnels.
Sensibiliser les professionnels de santé
Le groupe bioMérieux veut renforcer la sensibilisation des professionnels de santé dans ce domaine. Selon Romaric Larcher, infectiologue et réanimateur au CHU de Nîmes, « seuls 40 % des médecins utilisent les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) pour les angines afin de détecter l’origine virale ou bactérienne ». Ces tests pourtant disponibles gratuitement. Pour Mark Miller, « il faut changer le système et conditionner la prescription de certains antibiotiques par les médecins à la réalisation obligatoire de tests de dépistage plutôt que de donner immédiatement un traitement ». L’industriel doit aussi convaincre de la nécessité du remboursement de ses tests en France et de leur valeur « en sauvant des vies, diminuant le coût de traitement et de séjour à l’hôpital », a expliqué le directeur médical.
Une méconnaissance plus forte chez les jeunes
Le spécialiste du diagnostic envisage également de développer des outils plus rapides et plus proches des patients, du type des autotests du Covid-19. L’entreprise bioMérieux veut ainsi renforcer la sensibilisation aux dangers de l’antibiorésistance dans la population générale, et particulièrement chez les plus jeunes, moins sensibilisés et moins informés. « La prise d’antibiotiques est plus fréquente chez les 18-24 ans (65 % contre 53 % en moyenne sur l’ensemble de la population) et la réalisation d’un test diagnostic avant prescription d’antibiotiques par le médecin est plus faible (11 % contre 22 % en moyenne) », alerte Nadia Auzanneau. « Le grand public, et les jeunes en particulier, font peu la différence entre bactéries, virus et champignons, déplore Romaric Larcher. Il existe pourtant des leviers sur lesquels agir et qui fonctionnent : les gens ont confiance dans les professionnels de santé et dans les médias. »
Juliette Badina
*Sondage réalisé en ligne sur 1 000 Français du 20 au 23 septembre