eureKING veut muscler la bioproduction européenne
Le premier SPAC européen dédié à la bioproduction lance son introduction sur Euronext Paris pour financer sa première acquisition d’une CDMO européenne. Objectif à terme : créer un réseau d’acteurs capable d’accompagner les sociétés innovantes des premières phases cliniques jusqu’au développement avancé, voire la commercialisation.
« Notre ambition est de structurer le marché européen des bio-CDMO ». Michael Kloss, co-fondateur et directeur général d’eureKING (photo à gauche), ne cache pas son enthousiasme lors de la conférence de presse organisée le 9 mai 2022 à l’occasion de l’introduction sur Euronext Paris de ce SPAC (Special Purpose Acquisition Company), véhicule d’investissement spécialement conçu pour réunir des financements afin d’acquérir des sociétés.
L’objectif est une levée de fonds de 150 M€, pouvant être portée à 165 M€ en cas d’exercice intégral de l’option de surallocation. Les fondateurs et premiers investisseurs se sont déjà engagés à hauteur d’environ 30 M€. Ces montants financeront l’acquisition ou la prise de participation majoritaire dans au moins une CDMO (société de production et de développement sous contrat) européenne spécialisée dans les biothérapies, dans un délai de 15 mois, au terme duquel eureKING deviendra une holding.
Un marché fragmenté et des besoins non couverts
Outil encore peu répandu en Europe, ce SPAC sera le premier sur le Vieux Continent à se spécialiser dans la santé. Les fondateurs d’eureKING ont conçu leur projet sur le constat d’une forte fragmentation du marché des CDMO pour les produits biologiques : cinq grands acteurs se partagent 27 % du marché, le reste se répartissant entre plus de 1 000 sociétés, dont la majorité génère moins de 50 M€ de chiffre d’affaires annuel.
Or ces petites sociétés peuvent rarement accompagner leurs clients au-delà des premières phases de développement, « et les opérations de transfert technologique représentent un vrai risque pour le processus industriel », insiste Kristin Thompson, cofondatrice d’eureKING et représentante de la plateforme d’investissement eureKARE (photo au centre).
La mission d’eureKING sera ainsi d’acquérir, dans un premier temps, une à trois de ces petites sociétés à fort potentiel, pour les aider à se développer, accroître leurs capacités de production et leur permettre d’accompagner davantage de projets de biothérapies sur une plus longue durée, tout en conservant leur spécificité technologique. « L’idée est de pouvoir couvrir toute la chaîne de développement, a minima jusqu’à la phase II/III et peut-être demain jusqu’aux lots commerciaux », espère Rodolphe Besserve, co-fondateur d’eureKING et directeur général d’eureKARE (photo à droite).
Une trentaine de cibles identifiées sur trois segments
Les fondateurs disent avoir déjà identifié trente à quarante cibles potentielles à travers l’Europe, pour une acquisition de 200 à 500 M€ en capitaux propres. « Une à plusieurs opérations supplémentaires nous permettront de créer un réseau de sociétés solides financièrement et pouvant mieux répondre aux besoins de leurs clients », ajoute Michael Kloss.
Le SPAC se focalisera sur trois segments : les médicaments biologiques, en particulier les nouvelles générations d’anticorps monoclonaux (comme les bispécifiques) ; les thérapies cellulaires et géniques (notamment les CAR-T) ; et les produits biothérapeutiques vivants (LBP), afin d’accompagner l’essor des développement dans le champ du microbiote, où l’Europe se positionne comme leader.
eureKING, dont le conseil d’administration est présidé par Gérard Le Fur, ancien directeur général de Sanofi, « est une entreprise française et le restera, assure Rodolphe Besserve. Cela nous a semblé une évidence dès le départ du fait d’un environnement propice, et le plan Innovation Santé 2030 présenté l’an dernier nous a confortés dans ce choix. »
Julie Wierzbicki