Industrie verte : l’Alliance franco-danoise réclame une fiscalité plus avantageuse
Fers de lance de l’industrie pharmaceutique écoresponsable, les cinq laboratoires de l’Alliance franco-danoise de santé demandent aux pouvoirs publics de mettre en place une fiscalité qui valoriserait leurs efforts en faveur de la transition écologique et de la décarbonation de leur activité.
La France deviendra-t-elle un leader de l’industrie verte ? C’est l’ambition du gouvernement dont un projet de loi a été adopté par le Parlement le 11 octobre dernier. Ce texte vise à faciliter et accélérer l’implantation de sites industriels en France mais aussi à soutenir les technologies vertes grâce à un crédit d’impôt dédié. Etre un leader de l’industrie verte ? C’est aussi l’aspiration de l’Alliance franco-danoise de santé. Créée en 2019 sous l’égide de l’Ambassade du Danemark en France, l’Alliance composée d’ALK, Coloplast, LEO Pharma, Lundbeck et Novo Nordisk, représente près de 4 000 collaborateurs sur les 16 sites d’exploitation implantés dans l’Hexagone.
11 700 emplois créés ou soutenus en 2022
Lors de la présentation de la deuxième étude d’impact économique et performance écologique en France, les cinq entreprises danoises ont voulu démontrer qu’il est possible d’être un « moteur de l’industrie de santé tricolore », mais aussi un vecteur de progrès sanitaire et environnemental. L’Alliance franco-danoise de santé en veut pour preuves ses bons résultats. Elle revendique d’avoir contribué au PIB de la France à hauteur de 1,2 milliard d’euros et créé ou soutenu 11 700 emplois en 2022. Depuis la présentation du premier bilan de son action, ce sont 225 millions d’euros qui ont été investis en France en trois ans par l’Alliance franco-danoise pour réduire notamment son impact environnemental.
« Si la transition carbone est encore récente au sein de la filière pharmaceutique française, les membres de l’Alliance franco-danoise ont été les premiers à engager des actions en faveur de la décarbonation », analyse Marie-Laetitia des Robert, dirigeante de Randea, qui a présenté les résultats de l’étude de l’Alliance franco-danoise de santé.
Un meilleur bilan carbone
Grâce aux efforts engagés, les cinq laboratoires membres de l’Alliance ont réduit de 11% leurs émissions de gaz à effet de serre entre 2015 et 2022 (contre -4% pour l’industrie pharmaceutique française) et estiment être en mesure d’atteindre l’objectif de 45 % de réduction d’ici à 2030.
« La décarbonation est une priorité collective au sein de l’Alliance franco-danoise de santé », et ses membres affichent tous au moins 50% d’énergies renouvelables sur leurs sites industriels – 100% pour Novo Nordisk grâce à l’installation d’une chaudière biomasse et de pompes à chaleur. ALK s’est engagé à réduire de 60% les émissions de CO2 provenant de sources non renouvelables d’ici à 2025. Les efforts se sont traduits aussi par une réduction de la consommation d’eau de 100 000 m3 en cinq ans. Les laboratoires Leo affirment avoir diminué de moitié leur consommation d’eau depuis 2015. Le plastique est aussi délaissé pour être remplacé le plus souvent par du carton. Coloplast s’est ainsi engagé à ce que 90% de son packaging soit recyclable tandis que Lundbeck indique recycler 75% des déchets de son site de Sophia-Antipolis.
Besoin de visibilité
La présentation de cette étude, qui intervient en plein examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, a été aussi l’occasion pour les dirigeants de l’Alliance franco-danoise de faire passer des messages à la classe politique.
« Nous sommes prêts à aller encore plus loin, notamment dans la décarbonation du déchet final des médicaments, mais il nous faut des garanties, explique Nicolas Dufourt, directeur général d’ALK France. Nous avons besoin que nos critères industriels et environnementaux soient mieux pris en compte dans la fixation du prix du médicament et que les produits matures soient sécurisés. » Le représentant de l’Alliance franco-danoise a rappelé combien l’instabilité fiscale pesait sur le secteur. « L’accès au marché pour le médicament en France est long et compliqué avec les prix les plus bas d’Europe et une taxation qui augmente d’année en année », a-t-il déclaré, réclamant plus de stabilité et une « visibilité sur 10 ans » sur le prix et la taxation du médicament. Le plafonnement à 1,6 milliard d’euros de la clause de sauvegarde annoncé mi-septembre par le ministre de l’Industrie Roland Lescure a été salué, « mais que se passera-t-il les années suivantes, s’interroge le DG d’ALK France. Nous ne sommes pas rassurés. Comment sera mis en place l’article 65 du PLFSS 2022 (qui prévoit que la fixation du tarif des médicaments pourra tenir compte de la sécurité d’approvisionnement du marché français, ndlr) ? Nous ne le savons pas. » Cette instabilité amène le dirigeant à se poser des questions. « A ALK, on se demande s’il faut continuer d’investir en France, d’autres pays sont prêts à nous accueillir, l’Espagne est un très beau marché avec une main d’œuvre très qualifiée », avance Nicolas Dufourt. Marie-Cécile Tardieu, directrice générale déléguée Invest de Business France, s’est employée à rassurer son auditoire. « Nous sommes dans une compétition mondiale mais la France reste attractive et les pouvoirs publics prennent en compte vos préoccupations. Nous sommes persuadés également qu’il faut plus de lisibilité, les critères environnementaux vont être petit à petit précisés et l’accord-cadre sera clarifié. Si nous sommes la première Nation à accueillir les investissements étrangers en Europe, ce n’est pas un hasard. »
Christophe Gattuso