L’épopée industrielle des vaccins Covid-19 vue par GSK
Lors d’un colloque organisé par Sup’Biotech mardi 30 mars, le laboratoire britannique GlaxoSmithKline est venu témoigner de la mobilisation exceptionnelle des industriels dans le développement des vaccins contre le Covid-19, notamment de ses partenariats noués, en recherche comme en production.
« GlaxoSmithKline s’est allié très tôt avec Sanofi dans le développement des vaccins contre le nouveau coronavirus, témoigne Claire Roger, vice-présidente de la direction des Opérations Vaccins de GSK en France, lors d’un colloque organisé mardi 30 mars par l’école d’ingénieurs en Biotechnologies Sup’Biotech. Deux des quatre plus grands laboratoires mondiaux sur les vaccins qui nouent un partenariat, mettant entre parenthèse la loi de la concurrence, c’est inédit », complète-elle. Cette coopération entre biotech et laboratoires, mais également acteurs publics et privés, a permis de développer un nombre exceptionnel de candidats : 312 projets en développement à fin mars (données du Vaccine Centre de la London School of Hygiene & Tropical Medicine), avec une douzaine de vaccins aujourd’hui disponibles dans le monde, dont quatre autorisés en Europe (ceux de Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Janssen). Et déjà plus de 550 millions de doses ont été injectées partout, malgré des besoins qui sont encore énormes. « Nous avons très tôt mis à disposition de tous les industriels qui en auraient besoin notre plateforme d’adjuvants pandémiques, témoigne Claire Roger. L’équipe de GSK a examiné plus d’une centaine de demandes et cinq collaborations en sont rapidement nées, dont trois se poursuivent vers le développement de vaccins adjuvantés, notamment avec Sanofi. Nous avons également conclu un partenariat avec Curevac pour un vaccin à ARNm de seconde génération pour lutter contre les nouveaux variants, attendu pour 2022. »
Démultiplier les capacités de production
Après la multiplication des partenariats de recherche en début de pandémie, on observe sur la deuxième partie de l’année 2020 la multiplication des partenariats sur la production. GSK a ainsi mis ses capacités à disposition d’autres acteurs, notamment pour produire les doses d’adjuvants pour répondre aux besoins dès 2021 de Sanofi (en phase II depuis février), Medicago (en phase III depuis mi-mars) et du sud-coréen SB Bioscience (en phase I/II), mais aussi pour produire jusqu’à 100 millions de doses du candidat de première génération de Curevac. Le groupe britannique a conclu la veille, lundi 29 mars, un accord pour la fabrication, dès le mois de mai depuis un de ses sites britanniques, de 60 millions de doses du candidat de Novavax pour une utilisation au Royaume-Uni. Le candidat de Novavax a démontré un fort potentiel d’efficacité dans les essais de phase III, y compris contre le variant B.1.1.7 circulant au Royaume-Uni. La soumission du vaccin pour examen par les autorités réglementaires locales est prévue au cours du deuxième trimestre et le produit fait l’objet d’une procédure d’évaluation progressive (rolling review) à l’EMA depuis début février. L’accord d’achat groupé pour ce vaccin n’a, à ce jour, pas été finalisé avec la Commission européenne. « Cette attitude collégiale pour mettre en commun les outils de production est la seule qui permettra d’accélérer la production de doses pour répondre aux besoins », assure la représentante de GSK.
Juliette Badina