LoValTech : l’espoir du vaccin nasal
La promesse d’un vaccin nasal « universel », c’est-à-dire actif contre le SARS-CoV-2 mais aussi ses variants, est en bonne voie à Tours (Indre-et-Loire). Soutenu par le MESRI et l’ANRS MEI, le projet piloté par la start-up LoValTech entrera en clinique fin 2022.
Depuis juin 2021, l’équipe BioMAP de l’UMR INRAE – Université de Tours « Infectiologie et Santé Publique », dirigée par Isabelle Dimier-Poisson, développe un candidat vaccin contre le SARS-CoV-2. Outre la voie nasale, sa particularité est d’être composé de la protéine Spike et de protéines virales non soumises à mutation. Il est ainsi capable d’induire des réponses immunitaires protectrices, quel que soit le type de variant. Des résultats précliniques, obtenus cet hiver avec les variants Beta et Delta, ont démontré ce caractère universel. « Seuls les vaccins par voie nasale conduiront à une protection vaccinale quasi-stérilisante en agissant dès la porte d’entrée du virus pour éviter sa propagation, mais aussi le risque d’apparition de variants, et ainsi stopper la pandémie, » explique Isabelle Dimier-Poisson.
Une « passerelle idéale »
Les recherches entrent dans le concret depuis janvier avec la création de la start-up Loire Valley Technology (LoValTech) qui va assurer le développement jusqu’à la mise accélérée sur le marché (« fast track ») fin 2023, début 2024. Avec à sa tête : Isabelle Dimier-Poisson, directrice générale, et Patrick Barillot, président (précédemment directeur du développement de Recipharm). L’équipe compte également Mathieu Epardaud, chercheur INRAE, et Nicolas Aubrey, enseignant chercheur à l’Université de Tours, en tant qu’associés et consultants scientifiques. « LoValTech va permettre de valoriser le brevet déposé conjointement par l’Université de Tours et l’INRAE en septembre dernier » note Arnaud Giacometti, président de l’Université de Tours. La start-up, hébergée à la cité MAME de Tours, a été labellisée deeptech par la Bpi. « C’est la passerelle idéale pour faire évoluer le concept innovant de vaccin de l’académique vers l’industriel, » ajoute Patrick Barillot.
L’objectif est de débuter les essais cliniques dès le second semestre 2022. Le coût de la phase I est de 5,5 millions d’euros. « Un point positif est le soutien financier du MESRI à hauteur de 1,5 millions d’euros et de l’ANRS MEI de 900 000 euros, pour avancer vers la production des protéines vaccinales aux normes GMP, » note Philippe Mauguin, président de l’INRAE. LoValTech projette des levées de fonds pour compléter son budget. Le Centre d’Investigation Clinique du CHRU de Tours s’est porté volontaire pour mener les essais cliniques. « L’ANRS MIE propose d’assurer la promotion et le suivi du développement » avance Hervé Raoul, son directeur adjoint. Le transfert aux normes GMP du candidat vaccin a été engagé en décembre dernier par GTP Bioways. Les étapes de toxicité réglementaire seront réalisées par C.RIS Pharma et la production de lots cliniques par Recipharm. En parallèle, l’équipe BioMAP travaille avec Resyca, filiale de Recipharm, et Aptar Pharma sur des systèmes spécifiques d’instillation du vaccin dans le nez.
Licence d’exploitation mondiale
A ce jour, LoValTech dispose d’une licence d’exploitation exclusive mondiale. Le futur vaccin non invasif, qui se conservera à +4°C, voire à température ambiante, devrait faciliter l’accès aux pays émergents. Les contacts sont déjà initiés avec la COVAX. « Dans les autres pays à la couverture satisfaisante, il pourra être présenté en rappel vaccinal pour renforcer la réponse immunitaire de la population, notamment pédiatrique, » conclut Isabelle Dimier-Poisson.
Marion Baschet-Vernet