Route du Rhum : les labos se jettent à l’eau
Trois Class40, qui concourent pour la route du Rhum, sont soutenus par des laboratoires. Ils étaient toujours en lice ce 16 novembre à 10h02, 25 secondes, heure de Paris, lors de l’arrivée du vainqueur Charles Caudrelier sur l’Ultim 32/23 Maxi Edmond de Rothschild à Pointe-à-Pitre en moins de 7 jours. Outre l’effet sur la notoriété de l’entreprise, être un sponsor dans la voile est un moyen de fédérer les équipes et de déstigmatiser certaines maladies.
Le top du départ de la Route du Rhum a été donné à 14h15 le mercredi 9 novembre. Des millions de téléspectateurs ont suivi les premières minutes de la 12e édition de cette course transatlantique, reliant St Malo à Pointe-à-Pitre. Sur les premières images, la vue d’ensemble de la flotte des 138 bateaux, filmée par hélicoptère puis en plan rapproché, a permis de zoomer pendant 20 secondes sur un Class40. Il s’agit du Match5 flambant neuf d’IBSA. Une belle visibilité médiatique pour le laboratoire suisse, quelques minutes seulement après le début de la course.
La flotte accueillait 26 nouveaux Class40 dont celui d’IBSA. Les investissements varient de quelques centaines de milliers d’euros à 1 à 2 M€ pour un bateau neuf, avec un retour sur investissement estimé entre 4 et 7 fois le montant, selon l’estimation de l’un des participants.
Éveiller les consciences sur une maladie
Participer à la route du Rhum, comme au Vendée Globe, séduit de plus en plus les entreprises « Notre skipper Alberto Bona et le Class40 IBSA sont les porte-drapeaux de notre identité encore naissante en France. Le projet qui allie à la fois l’innovation et la responsabilité́ environnementale et sociétale est une formidable vitrine pour mieux faire connaître nos valeurs, » explique Fabrice Jover, Directeur général de la filiale France IBSA Pharma. Deux autres bateaux de la catégorie Class40 portent les couleurs de la pharma : « Vogue avec un Crohn » et son navigateur Pierre-Louis Attwell lui-même atteint de cette maladie, est soutenu par plusieurs laboratoires et biotechs, comme Mayoly, Amgen, Takeda, Galapagos, AbbVie, B-Braun, OSE Immunotherapeutics, Celltrion, Janssen. De son côté, Novo Nordisk s’est engagé aux côtés de l’association « Naviguons contre le Diabète », dont le skipper est le jeune Anatole Facon (22 ans).
« Notre entreprise est mobilisée autour de ce projet qui porte du sens et qui est né d’une belle rencontre entre le président de l’association, Cyrille Chapuis, passionné de voile et diabétique, et notre usine de Chartres. L’association « Naviguons contre le diabète » éveille les consciences sur cette maladie, souligne Arnaud Dudermel, Directeur des Relations Externes chez Novo Nordisk Production à l’usine de Chartres. Elle fait naviguer des jeunes diabétiques, les forme à la voile, et reverse des fonds collectés à des associations de patients. La voile est un sport authentique, porté par des personnalités souvent fortes et attachantes, respectueux de l’environnement, en phase avec nos valeurs. Elle est aussi un moyen de casser les préjugés sur le diabète ».
Mobiliser les collaborateurs
Au-delà de l’exposition médiatique (et de son équivalent en spots publicitaires), les laboratoires recherchent des projets engageant l’ensemble de leurs collaborateurs. À partir du moment où ceux-ci montent sur le bateau et rencontrent le skipper, ils deviennent des ambassadeurs du projet. « Si voir les couleurs de sa société́ sur l’océan développe un sentiment naturel de fierté́ d’appartenance, il se bonifie par nos actions de responsabilités sociales et notamment par le don de deux voiliers spécialement adaptés pour les jeunes personnes handicapées qui vont pouvoir ainsi prendre du plaisir à naviguer par eux-mêmes », se félicite Fabrice Jover. Dans d’autres catégories, Sanofi soutient le bateau « Solidaires En Peloton-Arsep « avec Thibaut Vauchel-Camus sur un Ocean Fifty porteur d’un message pour « Vaincre ensemble la sclérose en plaques». Victime du chavirage de son bateau le 13 novembre, le skipper a cependant dû abandonner la course. Les aléas intrinsèques de la course en mer restent le juge de paix, quel que soit le montant investi dans son sponsoring.
Christine Colmont