Santé connectée : l’avis des Français
Bristol Myers Squibb France et l’EDHEC Business School, réunis au sein de la chaire Management in Innovative Health, ont fait réaliser une étude sur la perception des Français sur la santé connectée. Des chiffres qui démontrent un fort besoin d’information.
Le 30 janvier dernier, à l’occasion d’une conférence de presse, le laboratoire BMS et l’école de commerce Edhec Business School, associés au sein de la chaire de recherche Management in Innovative Health, présentaient les résultats de la 1ere édition du Baromètre de la Santé Connectée. Réalisé par la société de sondage Ipsos, à partir d’une enquête menée du 4 au 9 novembre 2022, ce baromètre vise à « fournir aux acteurs de l’écosystème de la santé des données inédites sur les évolutions comportementales et la perception des Français vis-à-vis des solutions digitales en santé ». Une contribution précieuse, alors que les usages de la e-santé sont appelés à se démultiplier, mais que l’opinion des utilisateurs finaux -et notamment leur degré d’appropriation des outils proposés- n’est pas systématiquement mesurée.
Une iniquité d’accès aux soins
Les chiffres de cette première édition apportent des enseignements à méditer. En premier lieu, l’enquête confirme « la fracture numérique » dans la société. Deux tiers des Français s’estiment mal informés sur la santé connectée. Si 76% des personnes interrogées se disent prêts à l’utiliser, la proportion des ruraux (70%), des plus âgés (55-74 ans) et des moins diplômes (niveau inférieur au bac, 65%), est moins élevée. Un gradiant qui se retrouve également par rapport aux consommations déjà établies de e-santé. La téléconsultation n’a été utilisée que par 28% des + de 65 ans et 40% des ruraux, contre 48% des – de 65 ans et 50% des urbains. Des données à considérer avec attention, quand la téléconsultation est présentée comme l’un des moyens pour lutter contre les déserts médicaux. « Cette enquête montre une forme d’iniquité d’accès à la santé, en dépit de sa digitalisation, constatent les auteurs de l’étude. Les personnes les plus exposées aux pathologies chroniques sont moins enclins à utiliser la santé connectée. »
Des craintes sur l’usage des données
Autre enseignement, la santé connectée génère des réserves sur l’usage des données. Si 84% des Français se sentent en confiance pour transmettre leurs données de santé à leur médecin traitant, aux hôpitaux publics (65%) et à l’Assurance Maladie (62%), ils sont seulement 27% à être prêts les transmettre à leur assureur, 24% aux entreprises du médicament, 17% aux GAFAM et 16% à leurs banque et employeur. Plus d’1 / 3 des Français (36%) expriment des craintes quant à la sécurité et au détournement des données. Cette crainte a tendance à se renforcer avec l’âge. Elle est partagée par 43% des 55-74 ans interrogés. Enfin, les services publics sont perçus comme les plus légitimes pour proposer des services ou des solutions digitales en santé pour 67% des Français. La légitimité est réduite pour les entreprises du médicament (15%), les entreprises technologiques françaises (14%), les entreprises technologiques internationales (13%) et les GAFAM (7%).
Préserver le lien humain
Dernier angle porté par l’étude, les résultats démontrent une aspiration de fond des citoyens : la préservation du lien humain dans le champ de la santé, notamment dans la relation soignant-soigné. 35% craignent une détérioration des interactions sociales. 91% font confiance au diagnostic de leur médecin traitant, contre 24% à celui d’un algorithme. Une dimension prise en compte par BMS, comme l’indique son président en France, Christophe Durand : « La crise sanitaire a mis en exergue la nécessité de proposer, en marge des traitements innovants, des services associés destinés à améliorer la prise en charge des patients, le suivi et la coordination des soins. Les outils de santé connectés que nous développons, pour qu’ils soient acceptés et utilisés, sont conçus avec les associations de patients pour comprendre leurs besoins et également avec les professionnels de santé ». Pour sa part, l’EDHEC Business School note l’importance de sensibiliser les futurs managers à la nécessaire maîtrise des impacts du numérique dans la gestion des entreprises. Comme le précise Emmanuel Métais, Directeur de l’EDHEC Business School : « La technologie révolutionne les pratiques en matière de santé et implique de reconsidérer la place de l’humain dans l’accompagnement des patients. En s’appuyant sur les travaux de recherche de la Chaire, notre objectif est de comprendre ce lien entre la technologie et l’être humain, pour former les dirigeants aux enjeux d’un usage éthique de la technologie ».
Hervé Réquillart