Trixeo® Aerosphere™, un traitement mondial de la BPCO made in Dunkerque
Face à la hausse de la demande mondiale, AstraZeneca ouvrira dans quelques mois à Dunkerque (Nord) une nouvelle ligne d’assemblage de son nouvel inhalateur Trixeo® / Breztri® Aerosphere™, tout en veillant à réduire son empreinte carbone.
« Depuis 10 ans, notre usine de Dunkerque est en pleine ébullition ! » François Villatte, de la direction technique et achats AstraZeneca, s’est montré particulièrement enthousiaste, à l’occasion d’une visite de presse organisée le 20 février dernier au sein de l’usine de production du laboratoire suédo-britannique, site stratégique mondial pour les produits respiratoires. « C’est le seul site du groupe à fournir des inhalateurs à gaz propulseurs. 99 % des unités produites ici sont exportées, sur 65 marchés ». Après une première vague de financements de 135 M€ entre 2015 et 2020 pour étendre et digitaliser les installations, un nouvel investissement de 230 M€ sur cinq ans a été annoncé en 2020 pour préparer la montée en puissance de la nouvelle gamme Aerosphere™. Cette technologie de délivrance de principes actifs sous forme de suspension de microsphères, issue du rachat en 2013 de l’américain Pearl Therapeutics, est au cœur de la trithérapie fixe Trixeo® Aerosphere ™ (Breztri© Aerosphere™ aux Etats-Unis, en Chine et au Japon), traitement de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) dont le site dunkerquois assure la production pour le monde entier.
Une demande croissante
Lancé dès 2019 en Chine et au Japon, autorisé en juillet 2020 aux Etats-Unis et en décembre 2020 en Europe (1), Trixeo® / Breztri© Aerosphere™ a vu ses ventes atteindre 677 M$ en 2023 (+72 %). En France, où la prescription du médicament était initialement réservée aux médecins spécialistes, celle-ci a été élargie aux médecins généralistes, après avis favorable de la commission de la transparence, en décembre 2023. « Face à la forte hausse de la demande mondiale, nous avons dû accélérer notre programme de recrutements et d’investissements à Dunkerque », explique François Villatte. Le site employait près de 600 collaborateurs à fin 2023 – un effectif auparavant annoncé pour 2025. Depuis un an, les cadences des lignes existantes pour la production de la trithérapie ont été accélérées, fonctionnant désormais 24h sur 24, sept jours sur sept. Une deuxième ligne d’assemblage et de conditionnement entièrement automatisée, réservée à Trixeo®, est en cours de qualification depuis plusieurs mois, pour une mise en service commerciale prévue en septembre prochain. Un espace dédié à l’accueil de nouveaux robots pour les analyses de laboratoire ouvrira prochainement. D’ici 2026, le site dunkerquois devrait compter neuf lignes au total, permettant la production de 80 millions d’unités par an en rythme cinq jours sur sept. A horizon 2030, la gamme Aerosphere™ devrait représenter 70 à 80 % de la production.
Produire localement et réduire l’empreinte carbone
Si l’assemblage et le conditionnement sont réalisés à Dunkerque, l’un des trois principes actifs entrant dans la composition de Trixeo®, le budésonide (corticoïde), est également produit localement, dans la même zone industrielle, par Minakem. Cette société française avait acquis en 2009 le site dunkerquois de chimie fine d’AstraZeneca, et demeure aujourd’hui l’un des fournisseurs privilégiés du groupe pharmaceutique. Le budésonide est également l’un des composants de l’anti-asthmatique Symbicort®, toujours leader de la division « respiratoire et immunologie » du laboratoire même s’il est aujourd’hui concurrencé par les génériques, et toujours produit à Dunkerque. Par ailleurs, la majorité des fournisseurs des dispositifs et équipements utilisés sur le site – du conditionnement plastique de l’inhalateur aux sachets anti-humidité inclus dans les emballages – sont également « français ou européens », assure François Villatte.
Le gaz propulseur actuellement utilisé pour Trixeo®, HFA-134a, provenant actuellement de fournisseurs allemand et britannique, sera en revanche remplacé prochainement par un gaz importé des Etats-Unis… pour réduire l’empreinte carbone de la thérapie ! « Une tonne d’HFA-134a correspond à 1300 tonnes équivalent CO2, indique François Michelon, senior principal scientist du site de Dunkerque. Nous préparons son remplacement par le HFO1234ze, qui réduira cette émission de 98 %. » (2) Trixeo® sera le premier inhalateur, à partir de 2025, à utiliser ce gaz : cette nouvelle formulation est actuellement en développement dans le cadre d’un partenariat commercial conclu en 2022 avec l’américain HoneyWell. En attendant, pour réduire les émissions inévitables au cours des étapes de production, deux tours de cryo-condensation ont été mises en service en 2023, permettant le recyclage du gaz propulseur pour des usages non pharmaceutiques.
Julie Wierzbicki
(1) En Europe, Trixeo® Aerosphere™ (formotérol, glycopyrronium, budésonide) est indiqué en traitement continu de la BPCO modérée à sévère chez les adultes traités de façon non satisfaisante par une bithérapie.
(2) Pour en savoir plus sur l’avancement du programme Ambition Zéro Carbone d’AstraZeneca à Dunkerque, lire Pharmaceutiques n°312, décembre 2023 : « GES : la neutralité carbone en ligne de mire ».