Une indispensable collaboration face au Covid-19
Dans un point presse de l’IFPMA jeudi 3 septembre, les grands acteurs du secteur pharmaceutique ont souligné un degré de collaboration « sans précédent » face au coronavirus.
Entre encouragements et échecs, les big pharma se sont exprimées lors d’une conférence de presse organisée par l’IFPMA*, jeudi 3 septembre, sur les résultats des traitements et vaccins face à la pandémie de Covid-19. 22 sociétés membres de l’IFPMA ont mis en œuvre ou mènent actuellement 81 essais cliniques évaluant des thérapies et vaccins. « Il n’y aura certainement pas de solution miracle et unique pour guérir tout le monde », indiquait Thomas Cueni, directeur de l’IFPMA, en introduction du débat. Les industriels travaillent « main dans la main » pour mettre à disposition des patients des produits sûrs et innovants. « Le degré de collaboration des acteurs est sans précédent, même si nous sommes tous concurrents, affirmait Severin Schwan, patron de Roche. Je n’ai jamais vu ça de ma carrière et j’en suis fier. » S’il a été démontré dans des essais cliniques avancés que son immunomodulateur Actemra® n’entraîne aucune amélioration en monothérapie chez les patients atteints de pneumonie sévère associée au Covid-19, Roche vérifie désormais si la molécule peut être efficace en association avec le remdesivir. Cet antiviral du groupe américain Gilead continue de susciter l’espoir après des résultats encourageants en phase clinique avancée, seul ou en association. Dénommé Veklury®, il dispose d’une autorisation d’utilisation en urgence dans le traitement du Covid-19 dans une cinquantaine de pays dans le monde, notamment aux Etats-Unis depuis mai et en Europe depuis juillet. Les sociétés biopharmaceutiques planifient déjà comment augmenter leurs capacités de production et sont prêtes à partager leurs outils afin de répondre à la demande. Gilead a ainsi passé début août un accord de sous-traitance avec Pfizer. « Nous avons beaucoup investi pour augmenter la production de remdesivir de sorte que, avec 2 millions de doses à la fin de l’année, nous en aurons suffisamment pour faire face à la demande », a fait savoir Daniel O’Day, le patron de Gilead.
Le respect les normes
La vitesse avec laquelle l’industrie a réagi est « sans précédent dans l’histoire, tout en conservant ses standards de qualité », selon David Ricks, le patron du groupe Eli Lilly, qui développe deux anticorps contre l’infection par le SARS-CoV-2. « Nous ne rognerons sur rien », a promis Albert Bourla, le directeur général de Pfizer, qui a démarré fin juillet, avec son partenaire BioNtech, une phase III pour tester leur candidat-vaccin sur 30 000 volontaires de 18 à 35 ans, dont 23 000 sont déjà recrutés. Les premiers résultats devraient être exploitables en octobre. « Nous avons déjà travaillé sur la suite, la production et les discussions avec la FDA et d’autres régulateurs. Si nous avons assez de données de sureté et d’efficacité, nous serons prêts à demander une autorisation d’utilisation en octobre », a-t-il assuré. L’IFPMA est fermement attachée à des normes réglementaires rigoureuses malgré l’urgence de la situation. « Parce que nous avons besoin de transparence », Albert Bourla s’est prononcé en faveur de la création d’un comité consacré à l’évaluation des vaccins contre le SARS-CoV-2 au sein de la FDA. « Nous ne sacrifierons la sécurité sous aucun prétexte », a renchéri Kenneth Frazier, le pdg de Merck/MSD, qui développe avec Ridgeback Bio un antiviral actuellement en phase II. Le laboratoire développe également deux vaccins, fondés sur des technologies différentes. La course continue.
Juliette Badina
* International Federation of Pharmaceutical Manufacturers & Associations – IFPMA