Les Français et leurs microbiotes : entre curiosité et innovations thérapeutiques

À l’occasion de la Journée internationale des microbiomes ce vendredi 27 juin, l’Observatoire International offre un panorama de la relation entre les Français et leurs microbiotes. Entre montée en conscience, lacunes persistantes et percées scientifiques, le domaine s’impose comme un enjeu de santé publique.
Selon la 3e édition de l’enquête européenne menée par Ipsos pour le Biocodex Microbiota Institute (1), 88 % des Français ont déjà entendu parler du terme « microbiote », un chiffre en hausse de 7 % en deux ans et supérieur à la moyenne européenne (71 %). Mais seuls 32 % savent précisément de quoi il s’agit. Celui de l’intestin est le plus connu (70 %), loin devant les microbiotes vaginal (56 %), bucco-dentaire (49 %), cutané (42 %), urinaire (41 %), ORL (38 %) et pulmonaire (36 %). « Les jeunes parents et les moins de 45 ans sont les plus informés, constate Etienne Mercier, directeur du pôle Opinion et Santé d’Ipsos, tandis que les plus de 60 ans restent en retrait, malgré leur exposition accrue aux maladies chroniques. » L’étude montre que les comportements des Français sont encore insuffisants pour préserver l’équilibre du microbiote : seuls 45 % déclarent avoir modifié leurs comportements pour préserver ces communautés microbiennes, contre une moyenne de 56 % en Europe. Si l’alimentation équilibrée (84 %) et l’activité physique (68 %) sont bien intégrées, la consommation de probiotiques (25 %) et prébiotiques (18 %) reste minoritaire, bien loin des résultats des voisins européens. Les professionnels de santé s’avèrent être la source d’information la plus fiable sur le sujet, et pourtant une minorité de Français ont reçu les informations nécessaires. En cas de prescription d’antibiotiques, il est rare que le patient soit informé des possibles conséquences sur son microbiote. « Malgré des connaissances encore inégales, les microbiotes font l’objet d’un intérêt croissant et ils sont au cœur de l’activité de Biocodex, en santé digestive et en santé féminine, avec une gamme de médicaments et de compléments alimentaires, pour prévenir, accompagner et soigner les patients », indique Nicolas Coudurier, CEO de Biocodex, laboratoire français familial et indépendant, disposant d’un site de production à Beauvais (Oise).
Le French Gut : la science participative au service de la santé

Moins d’un Français sur cinq sait qu’il est possible de faire tester son microbiote, contre 27 % pour la moyenne européenne. Porté par l’INRAE et l’AP-HP, et soutenu par de nombreux partenaires parmi lesquels Biocodex, le projet French Gut vise à cartographier le microbiote intestinal de 100 000 Français à l’horizon 2029. « Depuis son lancement à grande échelle fin 2023, 25 000 participants ont déjà rejoint l’initiative », se félicite Joël Doré, directeur de recherche à INRAE et directeur scientifique de MetaGenoPolis. Parmi les participants, 69 % sont des femmes, un tiers a une pathologie chronique essentiellement digestives, hypertension, systémiques et respiratoires ; 66 % n’ont jamais fumé, 89 % ont une activité physique régulière et 72 % sont omnivores. Le professeur rappelle qu’une symbiose microbiote-hôte fonctionnelle est garante de bonne santé. L’objectif du projet est de définir des normes de référence dans la population en bonne santé, de comprendre les liens avec la nutrition et les maladies chroniques, de développer des recommandations et solutions nutritionnelles préventives et d’ouvrir la voie à une médecine plus personnalisée. Les Français montrent un intérêt croissant pour l’analyse du microbiote : 58 % de ceux qui connaissent précisément ce que c’est se disent intéressés et seraient prêts à faire un don de selles à des fins scientifiques. « Un chiffre en hausse mais encore en retrait par rapport aux voisins européens et à l’Asie », précise Etienne Mercier. Biocodex s’engage pleinement dans cette démarche scientifique d’intérêt public en invitant l’ensemble de ses 850 collaborateurs dans l’Hexagone à faire don de selles pour faire avancer la recherche. « Des nouveaux biothérapeutiques vivants au transfert de microbiote fécale, de nouvelles possibilités d’accompagnement des thérapies actuelles s’offrent pour restaurer une symbiose », conclut Joël Doré.
Vers la première thérapie en oncologie
Avec plus de 15 000 articles scientifiques dédiés au microbiote intestinal publiés sur les deux dernières années, près de 100 nouveaux essais cliniques par an et un investissement sur les quatre dernières années compris en 5 et 7 milliards d’euros, le domaine pourrait constituer une véritable révolution clinique. Plus de 200 entreprises dans le monde travaillent au développement de thérapies basées sur le microbiote intestinal. Mais moins de 20 % disposent actuellement d’un candidat-médicament en phase III. Basée à Lyon et fondée en 2014, MaaT Pharma est pionnière dans le développement de Microbiome Ecosystem Therapies™ (MET). La biotech vient de déposer une demande d’AMM auprès de l’EMA pour Xervyteg® (MaaT013), thérapie contre la maladie aiguë du greffon contre l’hôte (aGvHD), qui pourrait devenir à l’horizon mi-2026 la première thérapie issue du microbiote approuvée en oncologie au niveau mondial. Cette communauté microbienne devient un levier concret de prévention, de diagnostic et de traitement. Et la France se positionne à l’avant-garde d’une révolution médicale.
Juliette Badina
(1) Enquête en ligne réalisée par Ipsos auprès d’une population représentative de 18 ans et plus entre le 21 janvier et le 28 février 2025. 7 500 personnes dans 11 pays : Etats-Unis, Brésil, Mexique, France (1 000 interrogés), Portugal, Chine, Pologne, Finlande, Vietnam, Allemagne et Italie.