Oncologie : une technologie prometteuse
L’IUCT-Oncopole détient un TEP-Scan de dernière génération, co-développé avec GE Healthcare. Plus précis, plus rapide et moins nocif que les scanners numériques existants, cet équipement de pointe pourrait « révolutionner » les parcours de soins en oncologie.
Une première mondiale… à Toulouse. L’IUCT-Oncopole abrite une plate-forme technologique de pointe, conçue par GE Healthcare. Baptisé « Omni Legend », ce TEP-Scan numérique de dernière génération pourrait significativement améliorer le diagnostic et la prise en charge des cancers, mais aussi la sécurité des personnels soignants et le confort des patients. « Ce super scanner est le dernier fleuron de la médecine de précision. Sa diffusion sera bénéfique pour toute la population », estime Laurence Comte-Arassus, directrice générale de GE Healthcare pour la France, la Belgique, le Luxembourg et l’Afrique francophone. Officiellement inauguré fin janvier, cet équipement innovant est le fruit d’un partenariat public-privé. « Vingt ans de recherche auront été nécessaires pour concrétiser ce projet. Rien n’aurait été possible sans une confiance mutuelle, ni le soutien des acteurs académiques et institutionnels de la région. Les perspectives sont enthousiasmantes », commente le Pr Jean-Pierre Delord, directeur général de l’Institut Claudius Regaud et administrateur de l’IUCT-Oncopole, qui a participé au développement puis aux évaluations techniques et cliniques de ce « dispositif révolutionnaire ». Acquise en octobre dernier, la machine fonctionne en routine pour la détection et le suivi des tumeurs cancéreuses. Elle accueille vingt-deux patients chaque jour pour un objectif de 4 500 examens par an.
Des bénéfices majeurs
Véritable rupture technologique, Omni Legend présente deux atouts majeurs par rapport aux appareils existants : la qualité de la résolution et le temps d’acquisition des images. « Nous avons utilisé les cristaux de scintillation les plus fins du marché pour recueillir le signal et développé un logiciel d’intelligence artificielle pour reconstituer les données », explique Nicolas Durand-Schaeffer, general manager molecular imagery Europe de GE Healthcare. Démontré cliniquement, le résultat proposé est sans appel*. « Cette plate-forme numérique peut identifier des lésions mesurant un millimètre, ce qui nous permettra de les détecter plus précocement, de valider la pertinence des traitements initiés et de mieux suivre leur efficacité dans la durée. La maladie sera appréhendée de manière plus personnalisée, en fonction des caractéristiques biologiques de chaque tumeur », affirme le Pr Frédéric Courbon, chef du département imagerie de l’IUCT-Oncopole. Plus précise, la technologie est également plus rapide. « Un examen approfondi peut être réalisé en moins de six minutes, contre une vingtaine sur les précédents modèles. Dix minutes suffisent pour scanner un corps entier. » Réduction des doses injectées et des expositions aux rayons, moindre anxiété pour les personnes souffrantes ou agitées, augmentation de la disponibilité technique et humaine… Il en résulte de nombreux bénéfices sous-jacents, tant pour les patients que les personnels soignants.
Généralisation en cours
Les experts toulousains sont formels : cette approche théranostique sera très efficace contre les cancers hématologiques, bronchiques, digestifs, gynécologiques et oto-rhino-laryngologiques, mais aussi ceux du sein, de la prostate et de la peau. Un possible frein devra néanmoins être levé pour confirmer la promesse. « Une étude complémentaire est actuellement menée pour évaluer le risque de surdiagnostic. Cette intelligence artificielle ne doit surtout pas générer de faux positifs », relève Frédéric Courbon. Particulièrement prometteur, le potentiel de cette technologie ne se réduit pas à la cancérologie. Deux fois et demie plus sensible que les scanners numériques traditionnels, Omni Legend pourrait optimiser la précision du diagnostic en neurologie et en cardiologie. Une version alternative – sans intelligence artificielle – avait été favorablement testée à Haïfa. Implantée sur le site de Technion, l’université israélienne de recherche en sciences et technologies, elle avait notamment permis « une exploration plus fine des pathologies cardiaques », signale Nicolas Durand-Schaeffer. Premier développeur et premier utilisateur de ce TEP-Scan nouvelle génération, l’IUCT-Oncopole a récemment perdu son « monopole ». Après Israël, la Suisse et la Pologne disposent désormais de leur propre appareil. Le processus de généralisation est définitivement enclenché. GE Healthcare dit être en « discussions avancées » pour installer une quinzaine de machines supplémentaires sur le territoire européen, dont six dans le sud de la France. Soixante-cinq commandes ont également été passées aux Etats-Unis.
Jonathan Icart
(*) Dans le cadre du processus d’évaluation clinique, l’IUCT-Oncopole a réalisé une étude comparative incluant quarante-cinq patients. Principale conclusion : la qualité des images affichées par Omni Legend était très nettement supérieure à celle de son autre TEP-Scan, soit une différence de 75 %.