Téléconsultations : vers un remboursement plus large
Selon une étude de l’association des entreprises de télémédecine (LET) publiée le 30 juin, l’épidémie de Covid-19 a mis en lumière la nécessité d’une généralisation de la télémédecine en France. Le LET vient de déposer un projet d’article 51 pour l’extension du remboursement des téléconsultations.
L’association des entreprises de télémédecine (LET)* a dévoilé mardi 30 juin les principaux résultats de son étude menée lors de l’épidémie de Covid-19. Celle-ci montre que les entreprises du secteur ont répondu avec une grande agilité et rapidité aux contraintes. « Elles ont adapté leurs protocoles et les formations de leurs professionnels de santé et proposé leurs services sans reste à charge, indique François Lescure, cofondateur de MédecinDirect et président du LET. La période de confinement a permis d’observer entre 10 et 15 fois plus de téléconsultations réalisées par rapport au mois de février, notamment pour le diagnostic des patients atteints du Covid-19. 20 % de recours aux urgences ont été évités grâce aux plateformes de télémédecine. »
En première ligne face à l’épidémie
Grâce à la disponibilité 24h/7j des plateformes, près de 40 % des téléconsultations ont été réalisées pendant la permanence de soins, en soirées et en week-end. « Près de 80 % des patients déclarent que le motif de leur consultation a été résolu grâce à ces outils », poursuit le président de l’association. La période de confinement, conjuguée à la crainte d’une contamination dans les cabinets, a permis de mettre en évidence la pratique de la télémédecine auprès d’un public plus large et non-initié. « Toutefois, près de 30 % des téléconsultations ont été réalisées hors du parcours de soin durant le confinement et, en temps normal**, n’auraient ouvert à aucun droit au remboursement par la sécurité sociale », tempère le LET. L’acte est pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie depuis fin 2018 seulement s’il respecte l’avenant 6 de la convention médicale. Cela suppose une orientation initiale du patient par son médecin traitant et au moins une consultation physique par le praticien téléconsultant au cours des 12 derniers mois précédant la téléconsultation.
Un complément de l’offre traditionnelle
Si la situation sanitaire semble s’être détendue, « les volumes actuels de consultation à distance restent 2 à 3 fois supérieurs à avant la crise », complète François Lescure. En prévision d’une deuxième vague, les entreprises de télémédecine considèrent que les besoins des patients, particulièrement ceux situés dans les zones médicales sous denses, ne sont pas résolus. Pour accélérer l’accès à ces innovations cruciales, le LET soutient l’élargissement et l’intensification de la couverture numérique sur tout le territoire français et particulièrement dans les déserts numériques. L’association souhaite inscrire l’ensemble des modèles de téléconsultations dans les parcours de soin des patients et donc permettre de bénéficier d’une prise en charge par la sécurité sociale. Elle a déposé en ce sens un projet d’article 51. « L’instruction est en cours par le ministère et l’Assurance maladie », indique-t-elle.
Juliette Badina
*Le LET a été créé en janvier 2019 pour représenter l’ensemble des entreprises de la filière de télémédecine
**Depuis le décret n° 2020-227 du 9 mars 2020, toutes les téléconsultations sont remboursées par l’Assurance maladie dans le cadre de la gestion de l’épidémie de Covid-19.