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Décarboner la prise en charge des maladies respiratoires: une approche holistique

Le rapport du Shift Project chiffre l’empreinte carbone du secteur de la santé. Les médicaments contre les maladies respiratoires, qui touchent 10 millions de patients en France, ne sont pas en reste. Les industriels se sont saisies des enjeux. L’ensemble des acteurs doivent se coordonner pour décarboner la prise en charge dans le domaine comme en témoigne les intervenants du colloque dédié, organisé par Pharmaceutiques.

Le Shift Project a publié un rapport en juin 2025 intitulé Décarbonons les industries de santé qui analyse l’empreinte carbone du secteur et son impact sur la santé : Le secteur représente 8 % des émissions de la France, dont la moitié est issue de l’achat de médicaments et de dispositifs médicaux.  En ouverture des débats du colloque organisé par Pharmaceutiques le 12 novembre (1) sur la décarbonation de la prise en charge des maladies respiratoires, Baptiste Verneuil, chargé de projet au Shift Project, rappelle la vraie dépendance de toute la chaîne de valeur du médicament aux énergies fossiles, dans un contexte de raréfaction de ces ressources. « Dans le domaine des maladies respiratoires, on observe des liens très étroits avec les changements climatiques, notamment via le temps de colonisation du pollen et l’augmentation de la pollution atmosphérique », précise-t-il. Le rapport propose des leviers d’action concrets, notamment l’optimisation des procédés industriels pour la fabrication de médicaments et de DM, la substitution des matériaux, la réorganisation de la logistique, le recyclage et le reconditionnement. Anne-Laure Dreno, présidente d’AstraZeneca France, est venue témoigner d’une série d’engagements pris par le laboratoire pour réduire l’empreinte environnementale, et notamment l’accès de ses sites industriels aux ressources renouvelables. « Nous avons été l’un des premiers laboratoires à prendre en 2015 une ambition « Zéro carbone » d’ici 2045. Nous avons déjà réduit nos émissions des scopes 1 et 2 (2) de plus de 75 % tout en doublant le chiffre d’affaires depuis 2015, se félicite-t-elle. Notre perspective est de les réduire de 98 % d’ici fin 2026. Il est possible d’avoir une croissance écologiquement responsable ». Sur le site de Dunkerque, centre mondial de production des produits aérosols pour le traitement de l’asthme et de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), « nous avons modifié nos procédés de fabrication (purge par le vide et cryocondensation) et nous utilisons un gaz avec un potentiel de réchauffement climatique proche de zéro. Nous sommes le premier laboratoire avec un dispositif approuvé par l’EMA avec ce nouveau gaz, qui sera à disposition des patients d’ici la fin d’année. » Baptiste Verneuil rappelle que les aérosols doseurs utilisent des gaz à effet de serre (GES) 1 300 fois plus puissant que le CO2. « Les inhalateurs représentent 400 000 tonnes de CO2 annuels en France », s’alarme-t-il. Claire Traon, directrice de mission transition écologique et santé environnementale au sein de la Cnam, est venue appuyer cette volonté – au niveau de l’Etat – d’accompagner les industriels. « Dans le cadre de la feuille de route nationale de planification écologique du système de santé, pilotée par ministère de la santé, la méthodologie d’évaluation de l’empreinte carbone des médicaments a été diffusée en février dernier, rappelle-t-elle. Aux industriels de s’en emparer ! »

Promouvoir le juste soin

Pour Claire Traon, « réduire l’impact environnemental des produits de santé nécessite de décarboner la production, de promouvoir le juste soin par des prescriptions adaptées des traitements les moins carbonés – à niveaux d’efficacité et de sécurité égaux – et une meilleure observance évitant ainsi le gaspillage, des épisodes aigus et des ré-hospitalisations ». « Un patient non contrôlé, qui fait notamment appel à des inhalateurs de courte durée, génère trois fois plus d’émissions qu’un patient bien contrôlé ! », illustre en ce sens Anne-Laure Dreno. Pour cela, la Cnam plaide pour une coordination pluriprofessionnelle dans la prise en charge des patients, plébiscitée dans le rapport du Shift Project en 2023. Baptiste Verneuil se réjouit de l’engouement depuis quelques années pour le sujet des professionnels de santé, comme des industriels du secteur et des institutions, permettant la création des conditions pour embarquer tous les acteurs. « Le levier de la commande publique, qui inclura l’aspect environnemental dès 2026, permettra l’achat des médicaments les moins carbonés », anticipe-t-il. Il indique que l’intégration d’un concept environnemental dans la fixation du prix pourrait être un autre levier. Anne-Laure Dreno n’est pas opposée à avoir une vraie reconnaissance des efforts faits en termes de relocalisation en Europe et de réduction de l’empreinte environnementale dans la fixation des prix, tout en alertant du risque de frein à l’innovation thérapeutique.

L’enjeu de la prévention

Claire Traon met également en avant les facteurs environnementaux dans l’apparition de ces maladies respiratoires : exposition au tabac, notamment in utero, ou qualité de l’air extérieur et intérieur. Elle cite une étude de Santé Publique France publiée en janvier 2024 montrant que des milliers de cas d’asthmes infantiles sont évitables par une meilleure aération des salles de classe. Si le sujet de la qualité de l’air intérieur dans les écoles avait été soulevé lors de la pandémie de Covid-19, aucune mesure n’a été prise depuis. « Dès que l’urgence sanitaire disparaît, les actes aussi », déplore le Dr Bernard Jomier, sénateur de Paris, vice-président de la commission des affaires sociales. Il regrette que l’enjeu de la prévention dans le domaine des maladies respiratoires soit insuffisamment pris en compte. Le Dr Frédéric Le Guillou, pneumo-allergologue, président de Santé respiratoire France, s’attèle à la prévention tertiaire des maladies : « Eviter des complications, contrôler sa pathologie, améliorer la qualité de vie et le projet de vie… Les réponses sont rapides, mesurables, et quantifiables ! assure-t-il. Le dernier rapport charges et produits de l’assurance maladie ouvre la voie à la prévention, et les assureurs complémentaires sont prêts à s’investir dans des parcours de santé structurés. » Le rapport précise que la dépense de santé moyenne d’un patient en ALD atteint 9 560 € par an, contre 1 230 € pour les patients non concernés. Les dépenses publiques liées aux pathologies respiratoires augmentent, comme l’indique le rapport de la Cour des comptes de 2024 : celles assumées par l’assurance maladie pour prévenir et soigner ces affections sont en hausse, tout comme les dépenses de prévention, principalement consacrées à la lutte contre le tabac. Le Pr Chantal Raherison-Semjen, coprésidente du collectif « Droit à Respirer », insiste sur une nécessaire sensibilisation et information du grand public, comme la campagne du Mois sans tabac, visible et reconduite annuellement. « Il n’existe pas de communication sur les symptômes respiratoires. Aujourd’hui, la mesure du souffle n’est ainsi réalisée que lorsque les patients sont malades, alors qu’elle pourrait être faite de manière coordonnée. »

De gauche à droite : Chantal Raherison-Semjen, Frédéric Le Guillou, et Bernard Jomier

Un Plan national Santé respiratoire

Dans le domaine de la BPCO, un travail est réalisé pour la mise à disposition d’un outil de diagnostic territorial afin d’identifier les ruptures de soins à l’échelle d’une région, d’une Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) ou d’une Maison de Santé Pluriprofessionnelle (MSP). « La coordination pluriprofessionnelle, et le rôle des pharmaciens notamment via l’entretien pharmaceutique pour les patients asthmatiques, sont essentiels pour éduquer les patients », affirme la responsable de l’assurance maladie. « Le maillage local est fondamental pour l’efficience de la politique de prévention », assure Bernard Jomier, citant l’exemple des CPTS, et regrettant l’échelle nationale qu’implique la création des maisons France santé. Chantal Raherison-Semjen insiste par ailleurs sur l’importance de la vaccination antigrippale et de la nécessité de repenser les outils de communication dès le plus jeune âge. Le sénateur confirme que la désinformation en santé a pris une part trop importante depuis la pandémie. « Le vote de l’Assemblée nationale samedi 8 novembre rejetant la vaccination obligatoire contre la grippe pour les résidents d’Ehpad et certains soignants, mesure introduite dans le PLFSS 2026, est honteux », clame-t-il.
L’ensemble des intervenants plaident pour une mobilisation pour faire de la prévention en santé respiratoire un sujet clé. Les 29 associations membres du collectif « Droit à Respirer », ont lancé lors du colloque du 9 octobre dernier à l’Assemblée Nationale, un appel à la mise en place d’un Plan national dédié.

Juliette Badina

(1) Avec le soutien institutionnel d’AstraZeneca

(2) Le scope 1 inclut toutes les émissions directes issues de combustibles fossiles alors que le scope 2 concerne les émissions indirectes issues de la consommation d’électricité et des réseaux de chaleur / froid. Le scope 3 correspond aux émissions indirectes des fournisseurs, le transport et logistique, la gestion des déchets, etc.


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