Diabète : la quête du patient autonome
Plusieurs leviers devront être actionnés pour améliorer la prise en charge du diabète et renforcer l’autonomie des patients. Thérapeutiques, technologiques ou organisationnelles, ces évolutions auront pour dénominateur commun le facteur humain.
Thérapie cellulaire, boucle fermée, capteur de glycémie en continu… Les dernières avancées technologiques ont optimisé la prise en charge du diabète, sans pour autant combler tous les manques. Deux grandes priorités sont clairement affichées : détecter plus précocement et plus largement les signaux faibles de la maladie, mais aussi mieux accompagner les patients dans leur traitement, le tout pour retarder sinon atténuer les complications, notamment sur le plan cardiaque, rénal ou oculaire. Ces évolutions nécessiteront des actions circonstanciées pour agir efficacement sur les différents déterminants de cette pathologie chronique. Augmentées par la science, la technologie et la donnée, des approches novatrices devront être déployées pour améliorer la qualité de vie et l’autonomie des patients. Un recours plus important aux sciences humaines et sociales est plébiscité par les soignants et les soignés.
Les promesses du numérique
Inscrit dans toutes les recommandations scientifiques, le principe de la décision partagée doit faire du patient le premier acteur de son diabète. Accentuée par la professionnalisation de l’éducation thérapeutique, la sophistication des dispositifs numériques et le développement de la télémédecine, cette autonomie croissante doit encore être renforcée. « Les projets et les outils devront être pensés en fonction des besoins, des attentes et des situations pathologiques. La personnalisation sera la clef de la transformation. La réduction des inégalités doit devenir un objectif central », affirme le Pr Jean-Pierre Riveline, endocrinologue et responsable du Centre universitaire du diabète et de ses complications de l’hôpital Lariboisière. La généralisation de la télésurveillance pourrait-elle y contribuer ? « Ce suivi dématérialisé va permettre de libérer du temps médical et de prioriser les cas les plus urgents, mais la relation humaine demeure prépondérante, ne serait-ce que pour comprendre les incidences de la maladie, maîtriser les enjeux du traitement ou utiliser les objets connectés », tempère Christian Thomas, délégué départemental de la Fédération française des diabétiques en Seine-Saint-Denis. Les perspectives ne sont pas neutres malgré tout. Le recueil et l’exploitation des données générées pourraient notamment favoriser la mise au point de services plus individualisés, voire de programmes de dépistage plus ciblés.
Coopérer et innover
Autre voie de progrès identifiée : la coopération interprofessionnelle devra être restructurée. Plus accessibles que les diabétologues, les équipes de soins primaires pourraient être assez facilement mobilisées, notamment aux interfaces critiques des parcours de santé. « Le défi sera de proposer un accompagnement plus régulier et plus complet, en particulier sur les aspects sociaux et psychologiques, mais aussi de mieux former les patients et les aidants. L’écoute active sera un paramètre déterminant dans la conduite du changement », estime Philippe Montaner, président de Timkl. Selon lui, les pharmaciens devront être davantage impliqués dans la gestion du diabète, et la démarche coordonnée par les communautés professionnelles territoriales de santé. Charge aux industriels de découvrir des médicaments et des procédés innovants. « Nous travaillons sur des insulines ultra-rapides qui pourraient augmenter la précision et l’efficacité des traitements, non sans réduire les contraintes des patients. Nous développons également une matrice immunoprotectrice contenant des ilots de Langerhans qui pourrait significativement améliorer les protocoles de transplantation existants », détaille Jeremy Benattar, directeur marketing et stratégie chez Adocia. Cette technologie permettrait notamment de supprimer les thérapies immunosuppressives, considérées comme un frein rédhibitoire au déploiement de la greffe de cellules pancréatiques, au regard des risques infectieux et cancéreux induits.
Jonathan Icart
NB : ces propos ont été recueillis durant la troisième table ronde du colloque sur le diabète organisé par Pharmaceutiques le 14 décembre dernier.
