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Obésité : les acteurs réclament une action globale

De la prévention dès l’enfance à une prise en charge holistique en passant par une lutte contre les produits trop gras et sucrés et contre les discriminations : les participants réunis par Pharmaceutiques lors de la web-émission consacrée à l’obésité ont démontré leur engagement à tous les niveaux pour enrayer cette pathologie galopante, qui plombe les comptes de la sécurité sociale.

L’obésité est une maladie, pas un choix. Tel est le principal message qu’ont eu à cœur de rappeler les participants à la web-émission organisée par Pharmaceutiques le 5 juin dernier sur le thème du surpoids et de l’obésité. Une maladie qui touche près de 10 millions de personnes en France, près d’un quart des adultes en Europe, et qui tend à s’accroître dans la majorité des pays de l’OCDE. Et qui coûte très cher à nos systèmes de santé. L’étude économique publiée il y a deux ans par le cabinet de conseil Asterès chiffrait à au moins 10,6 milliards d’euros le coût annuel de l’obésité pour la collectivité française. Une « estimation basse » selon son directeur Nicolas Bouzou, qui a introduit la web-émission. Ce montant est largement attribuable à la vingtaine de pathologies chroniques associées, dont près d’un tiers au diabète de type 2, très majoritairement pris en charge par l’Assurance maladie. « Ce type d’étude apporte une preuve économique que le coût de l’obésité est en partie évitable, insiste l’économiste : en s’alignant sur les bonnes pratiques de prévention de la moyenne des pays de l’OCDE, on pourrait réaliser 5 à 7 Mds d’€ d’économie par an ».

Des initiatives de prévention morcelées

En matière de prévention primaire, un certain nombre d’initiatives ont été lancées en France, à l’échelle locale ou nationale, « et certaines ont rencontré un vrai succès, notamment au niveau des établissements scolaires », se réjouit le Pr Karine Clément, professeure de nutrition à Sorbonne Université et présidente de l’Afero (Association française d’étude et de recherche sur l’obésité). « Mais elles restent assez morcelées : il faudrait davantage de cohérence, d’évaluation et de suivi à long terme. » « Pour que les choses évoluent, nous avons besoin de la coalition de toutes les parties prenantes et d’un portage politique au plus haut niveau », renchérit le Dr Cyrille Isaac-Sibille, député du Rhône, qui plaide pour que l’obésité soit inscrite au rang de priorité nationale, au côté de la santé mentale.
Les messages de prévention doivent s’adapter à leur cible. « Les populations qui connaissent le plus de difficultés socio-économiques peuvent avoir d’autres préoccupations », note ainsi Karine Clément. Laurence Champier, directrice fédérale de la Fédération française des banques alimentaires (FFBA), rappelle à quel point il peut être difficile pour les personnes en difficulté, dans certains contextes (quantité de nourriture insuffisante, manque d’équipements pour cuisiner elles-mêmes), de suivre les recommandations de santé publique. « Dans le cadre de notre programme « Bons gestes et bonne assiette », nous avons formé des bénévoles pour qu’ils aident les personnes accompagnées à manger sainement avec ce dont elles disposent. »
Comme il l’a souligné dans son ouvrage « Le suicide de l’espèce » (février 2023), le Dr Jean-David Zeitoun, hépato-gastroentérologue à l’AP-HP, lie la progression de l’obésité à « une offre de consommation mortifère ». Comment agir sur la composition des produits issus de l’industrie agro-alimentaire ? Jean-David Zeitoun invite à détaxer les aliments sains. Alors que les discussions s’enlisent sur la généralisation obligatoire du Nutriscore au niveau européen, Cyrille Isaac-Sibille a déposé ce 5 juin à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à réformer la « taxe soda » sur les boissons sucrées, et à créer une taxe sur le sucre ajouté dans les produits ultra-transformés. « La taxe soda française comporte 11 paliers, quand il n’y en a que quatre au Royaume-Uni – et leur dispositif est bien plus efficace que le nôtre », observe l’élu.

Une prise en charge structurée, mais à améliorer

L’arrivée récente de thérapies contre cette pathologie a renforcé l’attention dont elle bénéficie. « Nous ne nous y arrêtons pas : la recherche continue pour améliorer encore l’efficacité des traitements », assure Isabelle Lonjon-Domanec, directrice médicale de la filiale française du danois Novo Nordisk, l’un des laboratoires ayant récemment obtenu des AMM dans cette indication. Le Pr Martine Laville, professeur de nutrition, auteur du rapport de référence « Mieux prévenir et prendre en charge l’obésité en France » (avril 2023), relève la situation paradoxale de la France. « Nous savons très bien ce qu’il faut faire pour prendre en charge les personnes dans leur globalité, et nous avons tout ce qu’il faut pour cela : une bonne organisation du système de soins, des centres de référence, des bons spécialistes. » Mais cette prise en charge reste défaillante, du fait de plusieurs écueils, à commencer par la non-reconnaissance de l’obésité comme maladie chronique – elle ne figure pas dans la liste des affections de longue durée (ALD). « Nous manquons aussi de soignants – médecins ou personnels paramédicaux – formés à l’obésité », ajoute-t-elle, pointant notamment le rôle « fondamental » de la médecine scolaire.
Le non-conventionnement d’autres acteurs impliqués dans la prise en charge – psychologues, diététiciens… – pose également problème. En témoignent les difficultés rencontrées par le dispositif « Mission : retrouve ton cap » de l’assurance maladie pour la prévention de l’obésité infantile, lors de sa généralisation annoncée l’an dernier. Des difficultés reconnues par Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins à la Cnam. Mais celle-ci se veut rassurante : « Les choses s’organisent progressivement, et les soins psychologiques peuvent désormais être pris en charge dans le cadre d’un parcours. Il est essentiel que tous les professionnels des soins primaires sachent quoi faire face à un patient à risque d’obésité, et à qui l’adresser. »

Des idées reçues tenaces

Chez l’enfant comme chez l’adulte, la lutte contre les représentations sociales négatives que subissent les personnes en situation d’obésité doit également être vue comme une composante essentielle, car « la stigmatisation isole les personnes, diminue l’estime de soi, et entrave les actions de prévention et de dépistage », résume le Pr Maïthé Tauber, chef du service d’endocrinologie et de génétique médicale du CHU de Toulouse, porteur du projet de parcours expérimental (article 51) Obepedia pour la prise en charge de l’obésité sévère et/ou complexe des enfants et adolescents, et qui associe l’intervention d’une assistante sociale. « La stigmatisation repose sur des idées reçues », approuve Marion Sarroca, directrice adjointe de la Ligue contre l’obésité. Mais celle-ci souligne que certains médecins se retrouvent parfois dans l’impossibilité de prendre en charge comme ils le souhaiteraient des personnes obèses, faute de disposer du matériel (coûteux) adapté, comme une table d’examen. Et elle appelle à anticiper l’accueil de ces personnes dans les Ehpad.
Malgré ses dysfonctionnements, « le modèle français est envié à l’étranger », assure Anne-Sophie Joly, présidente et fondatrice du Collectif national des associations d’obèses (CNAO). Qui appelle à aller encore plus loin : « Nous avons besoin d’une stratégie décennale de lutte contre l’obésité à l’image de celle contre le cancer, et d’un institut de recherche équivalent à l’INCa. Tout le monde a un rôle à jouer et tout le monde est prêt à y aller : on n’attend que le « go » du politique ». 

Julie Wierzbicki

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