Parcours patients : L’écosystème est-il capable de s’adapter ?
Lors de la première table ronde du colloque « Ma santé coordonnée, 2022 et après ? » de Pharmaceutiques, les intervenants ont présenté ce jeudi 28 janvier des expériences locales d’organisation du parcours patient et leurs gains.
En introduction de la première table ronde du colloque organisé par Pharmaceutiques, le professeur Etienne Minvielle, directeur de recherche au CNRS, professeur à l’Ecole Polytechnique et chargé de mission parcours innovant à Gustave Roussy, a indiqué que « la coordination entre hôpital, médecine de ville et service médico-social apporte des gains en termes de qualité des soins, d’expérience Patient, et économiques (de l’ordre de 2 à 4 % des dépenses de santé). C’est aussi un facteur de réduction des inégalités, et d’attractivité pour les professionnels de santé ». La crise Covid a mis en tension ces questions de coordination. Le nouveau modèle de fonctionnement doit introduire plus de formes de coopération, mais en respectant au moins partiellement les modes de compétition existants entre établissements qui contribuent à stimuler un niveau d’activité et pérenniser le modèle économique. C’est ce que le professeur Minvielle nomme la « coopétition ». Comment concilier compétition et coopération ? « La crise a montré l’intérêt de la coopération existante entre établissements publics avec les GHT (Groupes hospitaliers de territoire), entre le sanitaire et le social au niveau du soutien des EHPAD, entre les EHPAD et les HAD (Hospitalisations à domicile), entre l’hôpital et la ville à travers des relations développées avec les CPTS (Communautés professionnelles territoriales de santé) ou les URPS (Union régionale des professionnels de santé) », témoigne Thomas Deroche, directeur général de l’ARS Normandie. « Pour que ces coopérations soient viables, il faudra envisager une mixité des modèles de paiement actuels : tarification à l’activité (T2A), paiement à la qualité, et paiement au parcours », estime Etienne Minvielle.
1 000 CPTS à l’horizon 2022
Le docteur Michel Siffre, président de la CPTS Var Ouest, et président de l’URPS Pharmaciens de la région PACA, est venu témoigner de l’intégration et de l’articulation de la CPTS au sein d’un système de santé qui englobe un territoire de 94 000 habitants. La CPTS Var Ouest est l’une des premières à avoir signé, le 28 décembre dernier, l’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI). « Organisée à l’initiative des professionnels de ville et composée de professionnels de santé libéraux, d’établissements de santé, d’acteurs médico-sociaux et sociaux ou encore d’associations, c’est une institution reconnue par l’ARS et la CPAM, proche des patients et des professionnels de santé, qui commence à prendre place dans le parcours de soins, se félicite-t-il. La Communauté Var Ouest répond déjà aux besoins sanitaires de la population, notamment pour faciliter les sorties d’hospitalisation, pour mettre en place des centres de vaccination Covid-19, ou pour orienter les demandes de soins non programmés via une plateforme téléphonique. » Dans le cadre de « Ma santé 2022 », le gouvernement a envisagé la création de 1 000 CPTS à cette échéance. « Avec « Ma santé 2022 » et le Ségur de la santé, c’est une nouvelle approche qui vise à coordonner les actions pour apporter une meilleure égalité des chances qui se met en place », confirme Thomas Deroche. En Normandie, sept ou huit CPTS sont constituées ou très avancées. « Partout où on peut s’appuyer sur elles, elles permettent de déployer des outils rapidement, notamment pour la prise en charge, le dépistage, ou les visites à domicile afin de réduire les ruptures de parcours, cite-il. La crise sanitaire démontre toute la pertinence territoriale des CPTS, comme l’illustre la mise en œuvre rapide de la campagne de vaccination Covid-19. »
Juliette Badina
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