Maladies infectieuses / Quelles leçons tirer des crises ?
Le Professeur Didier Houssin, président du comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé, est venu témoigner lors du colloque de Pharmaceutiques dédié aux maladies infectieuses le 10 juin, du rôle de l’OMS dans la gestion de la pandémie de Covid-19.
Le règlement sanitaire international (RSI) – seul instrument international juridiquement contraignant en matière de sécurité sanitaire – permet à l’OMS, en cas d’émergence d’événements de santé publique, de créer en son sein un comité d’urgence. Comité que préside le professeur Didier Houssin depuis que le Covid-19 est devenu une urgence de santé publique de portée internationale en janvier 2020. Celui-ci émet des recommandations, applicables à l’ensemble des pays, notamment sur le transport international, la circulation des personnes, les mesures de distanciation, le développement des vaccins et de traitements… « Mais les Etats signataires restent souverains, et c’est une des faiblesses de l’OMS, admet le président. L’OMS a un pouvoir indispensable et le leadership nécessaire à la gestion internationale de la crise du Covid-19, mais n’a pas de pouvoir d’inspection, ni de sanction auprès des Etats ! » Ancien Directeur général de la santé (DGS) de 2005 à 2011, il estime que « nous étions mieux préparé au moment de la pandémie H1N1 que l’on ne l’était en 2020 à l’arrivée du Covid-19 ». Mais il souhaite tirer les leçons de cette crise pour affronter les prochaines. « Nous avons progressé rapidement sur la caractérisation génétique, en vaccinologie avec la technologie ARNm, ainsi que sur les mécanismes de mise à disposition de vaccins via le dispositif Covax malgré les problématiques rencontrées, se félicite-il. Le développement des traitements a, lui, été mal coordonné et trop lent ; des progrès restent à faire ». Didier Houssin pointe la nécessaire anticipation des risques futurs et l’indispensable préparation et reste optimiste : « Les citoyens ont été disciplinés, notamment dans le port du masque et le respect des gestes barrières, et ceci malgré la cacophonie en termes de communication. »
Juliette Badina