Médecine spécialisée : une maison dédiée à l’innovation
Avec l’appui de la CSMF, syndicat-leader chez les médecins libéraux, la Maison de l’Innovation de la Médecine Spécialisée se présente comme un lieu de ”métissage” entre médecins et entrepreneurs, pour inventer le futur du soin.
Les médecins libéraux doivent s’approprier le formidable mouvement d’innovation technologique qui se déploie actuellement dans le monde de la santé. C’est en posant ce constat que la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), premier syndicat chez les médecins libérauux, a décidé d’accompagner un projet inédit : la création de la Maison de l’Innovation de la Médecine spécialisée (MIMS). Annoncée le 8 décembre, à l’occasion d’une conférence de presse, cette structure, qui s’installera dans les locaux du siège de la CSMF, se positionne comme un espace de rencontre et de partage entre les acteurs de la santé (médecins, ingénieurs, industriels, chercheurs, financeurs…) et les porteurs de projets innovants dans le monde de la santé. « Ce que nous visons, c’est le métissage des savoir-faire et des compétences, au-delà des métiers, au-delà des postures, au-delà des silos, car l’innovation en santé est de plus en plus souvent issue de partenariats entre des professionnels qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble », explique Olivier Colin, président de la MIMS. Entrepreneur par vocation, il a eu l’idée de ce concept après avoir découvert l’hôpital de Houston, au Texas. « Je le connais depuis 2001, pour des raisons professionnelles. C’est le plus grand hôpital de la planète, avec 100 000 employés, 50 000 soignants et 6,8 millions de patients par an. Tout y est organisé en faveur de l’innovation, avec un brassage incessant d’idées et d’initiatives et en réponse à un objectif souverain : soigner toujours mieux au bénéfice des patients. »
Replacer le médecin au cœur de l’innovation
La MIMS se fixe quatre thématiques de travail : la simplification du parcours de l’innovation médicale grâce à un écosystème favorable, la mise en réseau des différents acteurs de cette innovation, le soutien au transfert technologique et à l’innovation organisationnelle et la création d’un label de l’innovation par le biais d’un comité stratégique et d’un comité scientifique. « Le but est clair, il faut replacer le médecin au cœur du processus de création, car c’est lui qui, en l’intégrant dans ses pratiques, le rend accessible à ses patients », estime Olivier Colin. Première action notoire, la MIMS va ainsi développer un concept novateur : le cabinet médical 2030. « Il est impératif que les médecins libéraux s’engagent dans la voie de l’entreprise, avec la capacité d’investir dans leur outil de travail, remarque Stéphane Landais, secrétaire général de la CSMF et par ailleurs vice-président de la MIMS. Actuellement, ils n’investissent que 1% de leur bénéfice non commercial (BNC), contre 9% aux USA. » Miser sur l’informatique partagée, les équipements connectés, les appareillages automatiques, c’est s’assurer, demain, « de soigner plus de patients, de les soigner mieux, tout en gagnant en qualité de vie grâce à une organisation optimisée du travail. » Investir dans l’outil de travail, c’est également se constituer un capital transmissible aux successeurs, quand aujourd’hui la cession de clientèle n’a plus aucune valeur patrimoniale.
Un Forum annuel basé sur le ”match-making”
Seconde initiative, la MIMS entend « favoriser l’innovation à la demande », en créant un espace d’échange en continu entre médecins et entrepreneurs. « Nous tiendrons également, dès l’automne prochain, un Forum de l’Innovation, fondé sur le principe du ”match-making”, indique Jean-Pierre Binon, ancien président du Syndicat des cardiologues et trésorier de la MIMS. Les rencontres s’y feront en B to B, sans perte de temps ni d’énergie, avec l’idée que ces échanges débouchent sur des projets partagés et opérationnels. » Par ailleurs, la MIMS complétera son accompagnement des projets en décernant un label, « accordé pour deux ans et renouvelable », qui permettra de promouvoir les innovations et de leur offrir de la visibilité, notamment auprès du corps médical. Enfin, la MIMS profitera de la proximité de son créateur avec l’hôpital de Houston pour tisser des liens Outre-Atlantique. « Nos relations privilégiées avec cet établissement ouvrira des opportunités aux entrepreneurs et aux start-upers, avec la perspective d’accéder à un gigantesque marché », souligne Olivier Colin.
Quatre partenaires solides
Parce qu’un tel projet ne peut se mener sans soutien, la MIMS peut compter sur l’appui de quatre partenaires : la plateforme de rendez-vous et de téléconsultation DoctoLib, l’opérateur Withings spécialisé dans les objets connectés, la société de télémédecine Medaviz et l’assureur AG2R La Mondiale. « La MIMS est un projet que nous sommes heureux de soutenir, car l’innovation en santé doit être portée par les médecins, au service de la relation avec leurs patients, remarque Stanislas Niox-Château, dirigeant et fondateur de DoctoLib. La technologie doit rester un outil au profit de l’humain. » « La crise démontre de façon formidable le souhait des médecins de s’engager dans l’innovation technologique, mais sans perdre de vue leur mission, celle du meilleur soin pour leurs patients, ajoute Stéphanie Hervier, directrice générale de Medaviz. La Maison de l’Innovation de la Médecine Spécialisée est une initiative qui vient à point nommé, au moment où il faut bâtir un système innovant, agile et souple pour améliorer l’accès aux soins. »
Hervé Réquillart