Académie : pour la vaccination pédiatrique « sans tarder »
Lors de ses journées délocalisées à Tours (Indre-et-Loire) les 27 et 28 septembre, l’Académie nationale de médecine a fait le bilan du travail accompli par sa cellule de veille scientifique, créée en mars 2020. Sur les 18 derniers mois, 136 communiqués et 4 avis ont été émis, notamment sur la vaccination obligatoire, qu’elle souhaite étendre rapidement au réservoir des 5 à 12 ans pour stopper la circulation virale.
Depuis 18 mois, l’Académie nationale de médecine (ANM) n’a eu de cesse de remplir sa mission « en toute indépendance » et « avec son expertise », selon son président Bernard Charpentier. Avec l’objectif de mettre à disposition l’information scientifique et ses prises de position rapidement pour éclairer les médecins, l’opinion publique et, au delà, les décisions politiques.
Indépendance, polyvalence et réactivité
Présidée par Yves Buisson, épidémiologiste, responsable de la commission des maladies infectieuses, la cellule de veille scientifique rassemble 8 spécialistes reconnus, tels que Didier Houssin, ancien directeur général de la santé, président du comité d’urgence Covid-19 de l’OMS, Jeanne Brugère-Picoux, vétérinaire et Christine Rouzioux, virologue. « La cellule a travaillé d’arrache-pied avec une centaine d’académiciens par courriel pour construire des textes répondant aux questions d’actualité, » pointe Jean-François Allilaire, secrétaire perpétuel de l’ANM. Avec comme caractéristiques fondamentales dans son mode de travail : l’indépendance, la polyvalence des compétences et la réactivité. « Aucun sujet d’importance n’a échappé à l’attention, jusqu’au confinement qui a posé d’importants problèmes psychiatriques et psychologiques » note Yves Buisson.
Vaccination pédiatrique et variants
Aujourd’hui, l’ANM rappelle le concept d’une seule santé (« One Health »), qui mêle environnement et médecine, avec la nécessité d’intégrer la compétence vétérinaire. Une « publication scientifique majeure », selon Jeanne Brugère-Picoux, révélée mi-septembre sur la plateforme « Research Square », renforce la piste de l’origine animale et renseigne sur les risques des futures pandémies. Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont détecté, chez des chauves-souris, des virus proches du Sars-CoV-2 qui pourraient être transmis à l’homme. Avec l’arrivée des variants qui augmente le niveau de menace, il faut donc anticiper et étendre la vaccination aux enfants dès l’âge de 5 ans et à toutes les classes primaires, selon Yves Buisson. « Nous avons 5% d’hospitalisations anticipées chez les enfants, ce qui est non négligeable, » ajoute Christine Rouzioux, qui rappelle qu’en France, 75% des adolescents sont déjà vaccinés, soit le taux le plus élevé d’Europe et « une grande réussite. » Un élément favorable sera l’arrivée d’une nouvelle génération de vaccins par voie intranasale pour les enfants. Avec une grande avancée pour le candidat vaccin développé par l’Institut national de recherche agronomique (Inrae) et l’université de Tours, puisque les deux partenaires ont déposé un brevet en septembre, après des résultats prometteurs sur les animaux.
Marion Baschet-Vernet