Covid-19 : les vaccinodromes prennent place dans la stratégie
Après l’échec des vaccinodromes mis en place lors de l’épidémie de H1N1 en 2009, le gouvernement français a fait le choix en janvier 2021 de mettre en place des centres de vaccination anti-Covid-19 de taille plus modeste afin de privilégier « l’accessibilité » et « la proximité ». Mais aujourd’hui, avec l’arrivée plus massive de doses, la stratégie évolue.
A changement d’échelle, changement de moyens. Le gouvernement vise une intensification de l’effort de vaccination fin mars/début avril, avec l’augmentation des doses livrées qui doivent atteindre un total de 15,8 millions sur le mois de mars, après 7,2 M en février et 2,7 M en janvier, puis près de 28 M en avril. Le président de la République a ainsi annoncé ce mardi l’ouverture de la vaccination aux personnes de plus de 70 ans sans comorbidité dès samedi 27 mars. Cela concerne 3,5 millions de personnes supplémentaires, portant à 18 millions le total des personnes prioritaires. Cette accélération de la stratégie vaccinale s’appuiera désormais sur le déploiement des vaccinodromes. Ces méga-centres (qui auront l’objectif de vacciner 1 000 à 2 000 personnes par jour) renforceront les centres existants (qui doivent eux doubler leurs capacités d’injections hebdomadaires de 500 à 1 000). L’ensemble de ces centres continuera à utiliser les produits à ARNm de Pfizer/BioNTech et Moderna, livrés en quantités croissantes. L’Europe s’appuie très largement sur le sérum de Pfizer/BioNTech, dont 9,9 M doses auront été livrées en France en mars et dont 17,6 M sont attendues sur le territoire le mois prochain.
Des dispositifs complémentaires
L’Armée, les pompiers et le ministère de l’Intérieur ainsi que l’Assurance maladie doivent structurer une offre pour déployer rapidement 35 centres au niveau national, en fonction des besoins locaux, et cela dès les prochains jours. Au total, 100 ou 200 centres pourraient voir le jour, soit un à deux par département, sélectionnés localement par les préfets et les ARS. Les professionnels de santé habilités à réaliser les actes de vaccination sont de plus en plus nombreux. Après les pompiers, la HAS doit se prononcer d’ici la fin de la semaine pour élargir à de nouvelles catégories. Cette offre complètera l’offre de Ville. Après une suspension de quelques jours, les doses d’AstraZeneca continueront à être attribuées aux pharmaciens d’officines et aux médecins libéraux en ciblant en particulier les plus de 55 ans atteints de comorbidités. Le nombre de doses devrait rapidement être le facteur limitant puisque l’industriel n’aura assuré qu’un quart des livraisons de commandes européennes à la fin mars (dont 4,5 M de doses dans l’Hexagone ce mois-ci). Le vaccin de Janssen à une dose viendra renforcer l’offre de Ville à partir de la deuxième quinzaine d’avril (450 000 doses attendues en quinze jours). Les négociations se poursuivent au niveau européen pour de nouvelles pré-commandes, notamment des candidats de Novavax (examiné par l’EMA sous le procédé de rolling review depuis début février) et de Valneva.
Aller chercher les plus de 75 ans
Emmanuel Macron a réaffirmé ce mardi sa volonté d’avoir vacciné 10 millions de personnes à la mi-avril*, 20 millions à la mi-mai et 30 millions à la mi-juin. « A la fin de l’été, tous les Français adultes devront s’être vu proposer la vaccination », assure-t-il. La priorité reste aujourd’hui les personnes les plus à risque de développer des formes graves. Une organisation dédiée, notamment des appels de l’Assurance maladie, va être mise en place pour les plus de 75 ans non-immunisés, qui représentent encore 50 % de cette population.
Juliette Badina
* Au 23 mars, 6,5M de Français ont reçu la première dose, et 2,5M d’entre eux ont reçu la seconde
Crédit Photo : Philippe Chagnon/Cocktail Santé