Demain sans HPV
Lors de son discours du 28 février, le président de la République a annoncé une campagne de vaccination contre le papillomavirus humain HPV, gratuite et généralisée, dans les collèges pour les élèves de 5e. Le collectif « Demain sans HPV » émet ses propositions pour accompagner cette campagne.
Actuellement, 37 % des filles ont reçu à 16 ans deux doses du vaccin contre les papillomavirus humains (HPV), responsables chaque année de 6 400 cas de cancers du col de l’utérus, de l’anus, du pénis et ORL, et moins de 10 % des garçons sont protégés. Des couvertures très faibles en comparaison de certains pays, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Hongrie, ou la Suède qui affichent des taux supérieurs à 70 %. La vaccination est pourtant disponible depuis 2007 chez les jeunes filles et a été étendue en 2020 à tous les garçons. Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé mardi 28 février, la mise en place d’une campagne de vaccination gratuite et généralisée dans les collèges pour les élèves de 5e afin d’éradiquer les papillomavirus. Cette mesure s’appuie sur une expérimentation menée dans le Grand Est pendant deux ans ; le taux de vaccination passant de 9 à 27 % la première année et de 14 à 31 % la seconde chez les jeunes scolarisés. Le chef de l’État s’appuie sur un travail de conviction, sans obligation, avec l’obtention préalable de l’accord parental.
Consentement présumé
Le collectif « Demain sans HPV »
lancé par l’association Imagyn aux côtés de Corasso (cancer rare de la
tête et du cou), No-taboo (infections aux papillomavirus et cancers
induits) et du CRIPS IDF (centre régional d’information et prévention du sida
et pour la santé des jeunes), se félicite de cette annonce, en conférence de
lancement ce jeudi 2 mars. Le collectif émet cinq propositions concrètes,
« dont la première est d’éradiquer ces cancers évitables », indique
Laure Roulle, présidente de No Taboo, qui accueille très favorablement les
mesures annoncées. « C’est très bien de vouloir proposer la vaccination en
milieu scolaire dès septembre, mais cela ne pourra pas se faire sans un soutien
élargi afin d’obtenir l’adhésion des parents, des adolescents, des directeurs
d’établissements et des professionnels de santé », assure Jean-Baptiste
Lusignan, responsable du pôle Jeunes et publics prioritaires au CRIPS IDF.
« Cette vaccination en milieu scolaire doit se faire sur le modèle du
consentement présumé, qui existe pour le don d’organes, afin de permettre au
plus grand nombre d’être protégé », appelle de ses vœux Coralie Marjollet,
présidente d’Imagyn. Elle prévient également d’une nécessaire coordination
pluriannuelle, et de la mise à disposition d’informations dans les cabinets
médicaux et officines.
Elargir la vaccination à d’autres professionnels de santé
En outre, à partir de septembre 2023, « la prescription et la vaccination contre les HPV pourront être réalisées chez les 11-14 ans par les pharmaciens, sage-femmes et infirmiers, a ajouté Emmanuel Macron, et sans reste à charge. » C’est déjà une recommandation de la HAS depuis 2022 mais les textes réglementaires sont aujourd’hui manquants. C’est également l’une des propositions du Collectif « Demain sans HPV » qui ne veut pas se contenter de la vaccination par les officinaux à partir de 16 ans, actée depuis novembre dernier. « Il est important que les professionnels de santé puissent vacciner dès 11 ans, puisque c’est à cet âge que la protection est la plus efficace comme le montre la récente étude suédoise », précise Coralie Marjollet. « Nous souhaitons par ailleurs élargir à tous le rattrapage des 19 à 26 ans, aujourd’hui limité aux hommes ayant des rapports sexuels avec hommes (HRSH) », complète Laure Roulle.
Juliette Badina