La nouvelle ANRS démarre ses activités scientifiques
Annoncée mi-décembre conjointement par les ministres de la Recherche et de la Santé, la nouvelle agence de recherche « ANRS, maladies infectieuses émergentes » a vu le jour le 1er janvier, et est déjà active, notamment sur la cartographie du variant anglais du Covid-19.
Depuis le début de l’année, la France compte une nouvelle agence de recherche en santé : l’« ANRS, maladies infectieuses émergentes » est dédiée à la coordination et au financement de la recherche sur les maladies infectieuses émergentes, le sida, les infections sexuellement transmissibles (IST) et les hépatites virales. Elle combine l’expertise scientifique et la réactivité du consortium Inserm-REACTing (1) avec l’expérience et la capacité opérationnelle de l’ANRS (2). Un an après le début de l’épidémie actuelle de Covid-19, elle donne un nouvel élan aux capacités de réponses scientifiques à la pandémie, et accroît la préparation aux prochaines maladies émergentes. Dans un point presse de l’Inserm tenu ce jeudi 21 janvier, le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat (AP-HP) Yazdan Yazdanpanah, qui préside la nouvelle agence, a salué le travail des deux structures, qui ont chacune fait leurs preuves dans leur domaine respectif. Il se félicite de leur fusion pour la création de cette nouvelle agence, qui sera guidée par une approche de santé globale, One health. Au sein de l’Inserm, en lien avec les partenaires de l’Aviesan (3) et de l’ITMO (4) I3M « Immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie », ses missions seront articulées autour de trois grands axes : la coordination de la recherche et l’animation scientifique, la mise en place d’un processus d’autorisations réglementaires pour les recherches sur les maladies infectieuses émergentes impliquant la personne humaine, et le soutien des laboratoires et infrastructures de recherche.
Des moyens insuffisants ?
« Les activités de financement et de coordination de la recherche sur le Sida, les IST et les hépatites virales de l’ANRS seront intégralement reprises par la nouvelle agence, sans toucher au budget alloué », précise le nouveau président. « Un budget doit être dédié aux maladies émergentes, à la hauteur des ambitions, ajoute-il. Nous y travaillons avec les deux ministères, et nous sommes confiants d’arriver à des montants acceptables pour tous ». Dans un communiqué du 21 décembre dernier, les associations AIDES et Sidaction réclamaient 76 M€ de subvention d’Etat dès 2021, soit 36 millions de plus que l’enveloppe dont bénéficie jusque-là l’ANRS. « Seuls deux millions ont pourtant été attribués à ce jour », déploraient-ils, sans cacher leur immense préoccupation.
A la recherche du variant anglais
Moins d’un mois après sa création et alors que le débat sur le financement n’est pas clos, la nouvelle agence est déjà en action dans ses domaines de recherche. Elle travaille sur le Covid-19, notamment sur la recherche en matière de traitements, de vaccin, de transmission et de surveillance génomique. « Dans ce dernier domaine, le travail de la nouvelle ANRS complète l’éventail de nos données de surveillance multi-sources, témoigne Bruno Coignard, directeur du service des maladies infectieuses de Santé Publique France. L’enquête « Flash Variant » menée les 7 et 8 janvier sur les tests PCR positifs au SARS-CoV-2 a été proposée par le Centre national de référence (CNR) des virus des infections respiratoires et Santé Publique France à tous les laboratoires de biologie médicale publics et privés et conduite en collaboration avec un réseau de virologues hospitaliers coordonné par l’« ANRS, maladies infectieuses émergentes ». « En analysant les résultats d’un quart des PCR positives au niveau national réalisées sur ces deux jours, l’enquête a permis d’établir une première cartographie du degré de diffusion du variant anglais en France, avec un taux de pénétration de 1,4 % », précise Bruno Lina, professeur de virologie à l’Université Lyon 1, qui se félicite de la singularité de cette étude menée par la France.
Par ailleurs, le 15 janvier, un premier appel à projets sur le VIH/sida, les hépatites virales, les IST et la tuberculose a été ouvert. « L’agence sera à la hauteur des défis auxquels nous sommes confrontés », conclut le Pr Yazdanpanah.
Juliette Badina
(1) Research and Action Targeting Emerging Infectious Diseases – REACTing, consortium créé en 2013 sous l’égide de l’Inserm
(2) Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales – ANRS, créée en 1988
(3) Alliance pour les sciences de la vie et de la santé – Aviesan
(4) Instituts thématiques multi-organismes – ITMO