La stratégie post-Covid de l’Europe pour l’OMS
L’UE devient un acteur stratégique de la santé mondiale en améliorant son statut d’observateur au sein de l’OMS, en apportant des contributions financières plus importantes à l’organisation et en travaillant en coordination. Dernière étape, le 1er septembre, avec l’inauguration de son centre européen à Berlin (Allemagne).
« Malgré des décennies d’investissement, le Covid-19 a révélé les grandes lacunes qui existent dans la capacité du monde à prévoir, détecter, évaluer et répondre aux épidémies qui menacent les personnes dans le monde », a déclaré le Dr Michael Ryan, directeur exécutif du programme d’urgence sanitaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), lors d’une conférence de presse. Le Covid-19 a montré le rôle essentiel de l’OMS dans la lutte contre la pandémie, mais aussi la valeur de la solidarité et de la coopération. Alors qu’en 2020, le président américain de l’époque, Donald Trump suspendait ses contributions (1), d’autres les ont augmentées l’année dernière et de nouveaux acteurs (à l’image des entités régionales italiennes) ont décidé de soutenir le budget de l’organisation, notamment via le Fonds de réponse solidaire Covid-19. L’UE a rapidement réagi pour combler les lacunes financières et de leadership au sein de l’organisation. La Commission européenne a renouvelé son engagement en augmentant ses subventions de 3,05 % à 6,24 %, la plaçant à la 5e place des contributeurs. « L’UE devrait saisir l’occasion de devenir un acteur stratégique clé de la santé mondiale, en travaillant en coordination avec les États-Unis qui sont à nouveau pleinement engagés dans la question », indiquait début 2021 le ministre italien Giuseppe Scognamiglio, membre du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR).
De nouveaux outils d’intervention
Ainsi, l’Europe devrait étendre sa coopération sur le projet BioExcel, le Centre d’excellence européen pour la recherche biomoléculaire computationnelle, qui a donné aux débuts de la pandémie un accès prioritaire à ses installations et à ses logiciels de pointe pour soutenir l’étude de la dynamique moléculaire du virus. Dernière action en date, l’OMS et l’Allemagne ouvrent à Berlin un hub destiné à la prévision, la détection, l’évaluation et la réponse aux pandémies, dont l’objectif est de fournir au monde de meilleures données, outils analytiques et des modèles prédictifs de pointe pour détecter et répondre aux urgences sanitaires. « Le monde doit être en mesure de détecter de nouveaux événements à potentiel pandémique et de surveiller les mesures de contrôle des maladies en temps réel pour créer une gestion efficace des risques », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, lors de l’inauguration. Ce hub tirera parti des innovations en science des données pour la surveillance et la réponse de la santé publique. » Le centre de l’OMS reçoit un investissement initial de 100 M$ du gouvernement allemand. Il fait partie du programme d’urgence sanitaire de l’OMS, et sera dirigé par le Dr Chikwe Ihekweazu, actuellement directeur général du Nigeria Center for Disease Control. « Les conclusions des recherches devront être partagées avec tous les États, a plaidé la chancelière allemande Angela Merkel lors de l’inauguration du hub. La pandémie actuelle a montré tout ce que nous pouvons accomplir lorsque nous unissons nos forces ».
Juliette Badina
(1) Les financements de l’OMS proviennent de ses 194 États membres (calculés en pourcentage de leur PIB), et des contributions volontaires des États membres, des organisations internationales, des fondations publiques et privées et autres.