Vaccin HPV : pour les filles, et les garçons
Un an après les recommandations de la HAS pour faire évoluer la stratégie vaccinale française contre les papillomavirus humains et l’étendre aux jeunes garçons, la prise en charge du vaccin Gardasil 9® de MSD dans cette population est enfin effective.
En décembre 2019, la HAS recommandait l’élargissement de la vaccination HPV par Gardasil 9® aux garçons de 11 à 14 ans avec un schéma à deux doses. Le 4 décembre 2020, le Journal officiel publiait une extension du remboursement aux assurés sociaux et de l’agrément aux collectivités du vaccin anti-HPV Gardasil® 9 de MSD à tous les garçons de 11 à 14 ans et en rattrapage de 15 à 19 ans. Une stratégie qui vise à protéger de manière directe et optimale l’ensemble des hommes exposés, et qui permettrait également d’atteindre plus rapidement l’élimination des HPV dans la population générale. Gardasil® 9 couvre les types HPV responsables d’environ 90 % des cancers génitaux HPV-induits, chez la femme et chez l’homme. La virologue Hélène Péré rappelait ce jeudi 14 janvier, lors d’une conférence de presse organisée par le laboratoire MSD, que « l’homme a une sensibilité plus importante aux infections HPV, et une immunité naturelle moins efficace que la femme. » Philippe Descamps, chef du service de gynécologie-obstétrique au CHU d’Angers, estime que « la vaccination des filles et des garçons représente un progrès considérable pour les jeunes générations, couplée au dépistage du cancer du col de l’utérus, d’autant qu’il n’existe à ce jour aucun dépistage en routine pour les autres cancers dus aux papillomavirus ». Il rappelle que « les programmes de vaccination ont été très efficaces lorsqu’ils ont été mis en place, par exemple en Australie, au Danemark et en Suède. » Quelques 33 pays et 4 territoires ont adoptés la vaccination mixte contre le HPV avant la France.
Une couverture qui reste insuffisante
Plus de dix ans après les premières recommandations, la couverture vaccinale reste très insuffisante en France, inférieure à 30 % dans les populations où la vaccination était déjà recommandée (chez les filles et les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes). Il sera donc nécessaire, au-delà de l’intégration dans le calendrier vaccinal et de la prise en charge, de mettre en place des mesures permettant une proposition plus systématique du vaccin par les professionnels de santé, en passant éventuellement par une vaccination à l’école. Olivier Rumilly, médecin généraliste à Saint-Fargeau-Ponthierry, a insisté sur le rôle du MG, « que les parents considèrent comme leur première source d’information. Alors que 95 % de la population affirme nous faire confiance, il est fondamental que nous puissions saisir chaque opportunité de discuter de ce sujet avec les adolescents, qui consultent peu à cet âge-là, et avec leurs parents ». Il souligne également la nécessaire complémentarité avec d’autres possibilités de vaccination par d’autres professionnels de santé. La nécessité d’une politique vaccinale encore plus engagée demeure nécessaire afin de pouvoir envisager l’élimination des cancers causés par les papillomavirus, dans la lignée de l’engagement pris en novembre dernier par l’OMS d’éliminer définitivement les cancers du col de l’utérus à l’horizon 2030.
Juliette Badina