Covid-19: la course au vaccin est lancée
Quelque 115 essais sont en cours pour trouver des vaccins contre le Covid-19, avec l’espoir d’aboutir mi-2021 au plus tôt, selon l’AFCROs.
Alors que la conception d’un vaccin prend en moyenne sept à dix ans, l’objectif est de diviser par cinq cette durée, pour aboutir d’ici 18 à 24 mois dans le cas du Covid-19, ce qui serait « le délai le plus court que les scientifiques aient jamais réalisé », souligne Sybil Pinchinat, directrice générale d’Axonal-Biostatem, lors d’un point presse organisé le 7 mai par l’AFCROs (Association française des sociétés de recherche clinique).
Pour relever le défi, les chercheurs s’appuient sur « la conduite de plusieurs phases cliniques en parallèle et l’accès aux procédures d’autorisation d’urgence (ATU, RTU) », explique Alice Sanchez-Pontot, épidémiologiste, directrice scientifique et de la biométrie d’Axonal-Biostatem. Ils entendent également tirer bénéfice des connaissances acquises lors des précédentes épidémies de coronavirus, SRAS de 2003 et MERS de 2012. Qui ont déjà permis la découverte d’un vaccin vétérinaire, contre la bronchite infectieuse aviaire. Début mai, 115 essais étaient recensés, l’immense majorité au stade préclinique et huit chez l’homme. Les travaux portent sur tous les types de vaccins: « 7% sur des vaccins à base de virus vivant atténué, 28% sur des vecteurs viraux recombinants atténués, 20% à base d’ADN ou d’ARN, 45% sur d’autres techniques », détaille Sybil Pinchinat.
Des partenariats d’envergure
Big pharma, biotechs et laboratoires publics sont engagés, souvent dans le cadre de partenariats. « Il y a une collaboration entre Sanofi et GSK, deux leaders mondiaux des vaccins, notamment sur un vaccin basé sur la protéine S, qui devrait être disponible au second semestre 2021 à un prix abordable », poursuit la biostatisticienne. « Les biotechs participent largement, comme Sinovac Biotech (Chine) sur un virus inactivé, ou l’allemand BioNTech avec Pfizer. Du côté de la recherche publique, citons l’université d’Oxford qui travaille sur un adénovirus modifié, l’Imperial College de Londres ou encore l’Institut Pasteur en France. Les alliances devraient largement accélérer les choses. »
Après la mise au point de vaccins, l’enjeu sera celui de leur production, avec la construction rapide de capacités industrielles, pouvant impliquer la conversion rapide de lignes existantes. Puis le défi sera la couverture vaccinale. « 60% de la population devra être immunisée, naturellement ou par voie vaccinale », estime Sybil Pinchinat. « Nous n’avons pas trop d’inquiétude sur le fait que les gens vont se faire vacciner. Deux enquêtes françaises montrent que 75% des personnes se disent prêtes. » Reste la question de la possible mutation du virus…
Muriel Pulicani