Covid-19 : une épreuve supplémentaire pour les patients diabétiques
Les patients diabétiques ont ressenti une forte inquiétude et un accroissement de leur solitude face à leur pathologie pendant la crise du covid-19, selon un sondage CSA pour Roche Diabetes Care France.
« Quand on demande aux patients diabétiques ce qui a été le plus difficile pour eux pendant le confinement, 59% citent leur vulnérabilité face au covid-19. C’est une inquiétude majeure », a souligné Julie Gaillot, directrice de pôle Society de l’institut CSA, lors de la restitution des résultats d’un sondage réalisé en ligne pendant la deuxième quinzaine de mai auprès de quelque 500 patients diabétiques (100 de type 1 et 400 de type 2) pour Roche Diabetes Care France. 37% se sont dit plus anxieux pour leur santé qu’à l’accoutumée, 23% évoquent des craintes liées à d’autres pathologies chroniques associées et 13%, un sentiment d’isolement dans la gestion de leur maladie. De fait, quatre patients sur dix (six sur dix chez les diabétiques de type 1) ont eu une consultation médicale annulée ou reportée, dans 3/4 des cas par le soignant. « Les hospitaliers ont été dans l’obligation d’annuler des consultations à cause du plan blanc, justifie le Dr Françoise Giroud-Baleydier, diabétologue. Pour ma part, je n’ai pas annulé de rendez-vous. Mais certains de mes patients n’osaient pas venir par peur du coronavirus et en raison de la distance à parcourir. »
Suivi à distance
Ce phénomène a été en partie compensé par des téléconsultations (22% des patients) et des consultations téléphoniques (19%). Valérie Armani, directrice communication et marketing de Roche Diabetes Care France, note à ce sujet une « évolution des patients sur le partage les données de santé ». « 70% se disent prêts à partager leurs données avec leurs professionnels de santé grâce à des dispositifs médicaux connectés, détaille Julie Gaillot. Mais c’est une pratique extrêmement peu répandue puisque seulement 4% déclarent le faire déjà. »
Dans le même temps, quatre patients sur dix ont bénéficié de consultations en face-à-face, principalement avec leur généraliste, et 3/4 ont continué à se rendre en pharmacie. Tandis que 58% n’ont bénéficié d’aucun accompagnement particulier. Valérie Armani appelle ainsi à « rester vigilant » sur les « décrocheurs ». « Les patients déjà isolés le seront sans doute davantage après cette crise », pointe-t-elle.
Nouvelle gestion de la maladie
Au final, 45% des répondants ont constaté une évolution de leur diabète, 28% d’entre eux dans le sens d’un rééquilibrage. « Les Français ont eu peur pour leur santé. Ainsi, un patient sur quatre (un sur trois chez les diabétiques de type 1) a été plus motivé pour être rigoureux dans sa prise en charge », explique Julie Gaillot. 38% des personnes interrogées rapportent une augmentation de l’activité physique, 35% une meilleure observance médicamenteuse et 33% une meilleure alimentation. Le fait d’avoir été en télétravail et d’avoir eu accès à un professionnel de santé jouent en faveur de ce rééquilibrage.
Toutefois, cette amélioration est moindre chez les seniors (plus de 60 ans). Dans cette classe d’âge, les 3/4 des diabétiques de type 2 déplorent un déficit d’accompagnement médical. Et ils sont 40% à craindre une deuxième vague épidémique et ses conséquences sociales. « Ces résultats nous obligent et cette crise doit servir d’accélérateur. À nous, acteurs de santé, d’aider les patients à gérer leur maladie sereinement et efficacement », plaide Frédéric Jacquey, président de Roche Diabetes Care France.
Muriel Pulicani