Mieux contrôler la propagation de Zika
Un partenariat vient d’être signé entre l’Institut Pasteur et MSDAVENIR, en vue d’anticiper les réponses à apporter aux futures épidémies virales à transmission vectorielle.
Développer davantage de ponts entre la recherche publique et la recherche privée, tel est l’objectif du partenariat signé le 7 juin dernier entre l’Institut Pasteur et MSDAVENIR, le fonds dédié à la recherche en santé de MSD France (Merck & Co).
Une enveloppe de 1,7 M€ sera mise à disposition de l’équipe du projet INTRANZIGEANT, porté par les docteurs Louis Lambrechts, responsable de l’unité Interactions virus-insectes et Xavier Montagutelli, responsable du laboratoire Génétique de la souris à l’Institut Pasteur. « C’est le premier partenariat du deuxième cycle d’investissement engagé par MSDAVENIR en France, a souligné la présidente du Conseil d’administration, Clarisse Lhoste. Cette nouvelle vague d’investissement de MSDAVENIR dans des projets de recherche représentera un montant total de 42 M€ sur trois ans. »
Trois acteurs à étudier
Interrompre la transmission du virus Zika est complexe car trois acteurs sont impliqués dans sa propagation : l’hôte (animal ou humain), le moustique et le virus. En conjuguant plusieurs expertises de l’Institut Pasteur, « une dynamique est initiée qui permettra de mieux décrypter les interactions entre ces acteurs et donc de mieux comprendre les mécanismes de transmission de ce type, auxquels nous serons de plus en plus confrontés », estime Xavier Montagutelli.
Jusqu’à présent la lutte contre les virus se focalise sur l’éradication des moustiques via les insecticides, sur la prévention au travers de vaccins quand ils existent (pour la fièvre jaune) ou sur les traitements pour guérir la maladie lorsqu’ils sont disponibles et accessibles. Innovant, ce projet transversal de l’Institut Pasteur, INTRANZIGEANT, vise à identifier les facteurs influençant le cycle de transmission des virus transmis par les moustiques (les arbovirus), via un modèle expérimental du virus Zika. Il a pour « objectif d’approfondir les connaissances fondamentales sur la transmission du virus, son passage du moustique vers l’homme et de l’homme vers le moustique pour développer ultérieurement des méthodes de luttes complémentaires, des modes d’actions permettant d’interrompre le cycle de transmission », a précisé Louis Lambrechts.
Estimer la probabilité de transmission
L’enjeu est de taille. Il s’agit ici en effet d’estimer la permissivité du virus Zika entre les populations de moustiques, d’estimer la probabilité de transmission et de modéliser les personnes les plus à risques (en fonction de leur génétique qui favorise la réplication du virus). Zika peut en effet causer des dommages gravissimes pour les femmes enceintes dont les bébés naîtront avec de petites têtes et provoquer des microcéphalies ou des troubles neurologiques.
Selon les chercheurs, le projet n’aurait pas pu se poursuivre sans le soutien d’MSDAVENIR. A terme, Louis Lambrechts et Xavier Montagutelli ambitionnent de développer un modèle permettant de s’adapter aux futures pathologies virales à transmission vectorielle. Le travail réalisé sur Zika pourrait alors être appliqué à ces autres pathologies transmises par un moustique.
Christine Colmont