Tous donneurs !
Alors que le 22 juin sera la 21e journée nationale de réflexion sur le don d’organes et de reconnaissance aux donneurs, Pharmaceutiques a organisé ce jeudi 17 juin un colloque dédié à la transplantation, sur le thème « Un modèle à réinventer ».
La crise sanitaire a entraîné une baisse significative des dons et des prélèvements de greffons, comme sont venus en témoigner différents intervenants du colloque « Transplantation : un modèle à réinventer », organisé par Pharmaceutiques jeudi 17 juin. Mais ce phénomène n’est malheureusement pas nouveau. « Le nombre de donneurs en état de mort cérébrale diminue constamment depuis quatre ans », souligne Pr Yves Perel, directeur général adjoint en charge de la politique médicale et scientifique de l’Agence de la Biomédecine (ABM), en ouverture du colloque. Alors que depuis la loi Caillavet du 22 décembre 1976 chacun est présumé donneur, sauf en cas de refus exprimé de son vivant, « il reste un gros travail à faire sur la question », assure Jean-Louis Touraine, député du Rhône, membre de la Commission des Affaires Sociales et Rapporteur pour le projet de la loi de bioéthique.
Une promotion citoyenne à la transplantation
« Parmi les 90 000 personnes qui présentent une atteinte rénale en France, 45 % sont porteuses d’un greffon rénal, 55 % sont en dialyse, rappelait Bruno Moulin, chef de service Néphrologie et Transplantation du CHU Strasbourg. Ratio qui devrait être inversé, la transplantation devant être le premier traitement de suppléance. Ce retard s’explique par l’insuffisance de moyens humains et opérationnels, mais aussi par une problématique sur les donneurs de greffons. » Le professeur Regis Peffault de la Tour, hématologue spécialisé dans les greffes de moelle osseuse pour des cancers du sang à l’Hôpital Saint-Louis à Paris, alerte également sur le manque de donneurs de moelle osseuse. Un tiers des patients en attente de transplantation n’a pas de donneur. L’urgence du moment est de recruter plus largement, notamment des hommes jeunes, et d’origine ethniques différentes pour satisfaire l’ensemble des besoins », indique-t-il. Le Plan Greffe 2017-2021 avait pour objectif la réalisation de 1 000 transplantations avec donneur vivant en 2021. « Mais le nombre effectif est de 500 seulement en 2020 », déplore Jan Marc Charrel, président-adjoint de France Rein.
Une campagne nationale de communication
Quelles actions mener pour changer la vision de la société sur le don d’organes ? Chiesi est la première industrie du médicament à devenir une « société à mission » (comme définie par la Loi PACTE) en prenant des engagements vis-à-vis de la société : « Innover avec nos parties prenantes, agir pour l’inclusion et la diversité, et contribuer à la protection de l’environnement », énumère Patrice Carayon, président de Chiesi France. Le groupe vient ainsi de publier cinq recommandations dans un livre blanc pour la transplantation rénale. « Nous sommes un maillon essentiel de communication, à même de favoriser les rencontres entre patients, pharmaciens, médecins … mais également avec les autorités sanitaires », se félicite-il. L’ABM déploie à l’occasion de la 21e journée nationale de réflexion sur le don d’organes et de reconnaissance aux donneurs du 22 juin un dispositif national visant à mieux faire prendre conscience que nous sommes tous des donneurs potentiels d’organes et de tissus. Un dispositif qui s’articule autour d’un spot tv, de posts Instagram sur les idées reçues, d’une campagne de presse mais aussi des affichages dans les hôpitaux et des visuels destinés plus particulièrement aux plus de 50 ans. « La communication de l’ABM n’intègre pas suffisamment les patients à la conception des messages, estime Jan Marc Charrel. Il faut aussi impliquer les jeunes dans ces mouvements, notamment en reprogrammant des cours aux collégiens et lycéens sur le sujet. » Jean-Louis Touraine confirme qu’il faut une mobilisation de tous les acteurs et de la société dans son ensemble.
Juliette Badina