Unicancer récompense l’innovation en IA
La 6e cérémonie du Prix Unicancer de l’innovation s’est déroulée en digital ce mardi 3 novembre lors de la Convention nationale des Centres de lutte contre le cancer (CLCC). Compte tenu du contexte sanitaire, cette édition a privilégié une seule catégorie résolument tournée vers l’avenir : l’Intelligence Artificielle et les Data Sciences.
Seul prix exclusivement consacré à l’innovation en cancérologie en France, le Prix Unicancer vise depuis sa création en 2014 à encourager et à faire connaître les travaux d’excellence réalisés dans les Centres de lutte contre le cancer (CLCC), dans de nombreux domaines. « Compte tenu du contexte sanitaire, cette 6e édition a privilégié une seule catégorie : l’Intelligence Artificielle et les Data Sciences, qui représentent aussi un des axes majeurs du nouveau plan stratégique d’Unicancer, précise sa déléguée générale Sophie Beaupère. Cet axe fort a aussi été concrétisé par la création d’une Direction des Données de Santé en Oncologie l’été dernier afin de poursuivre une stratégie ambitieuse en matière de données de santé en oncologie. Ainsi, 39 projets ont été reçus de 13 CLCC, et deux ont été récompensés parmi cinq finalistes sélectionnés par un jury composé d’institutionnels (HAS, ASIP, INCa, ANAP, Ligue contre le cancer), de représentants de patients et de journalistes spécialisées, ainsi que des personnalités expertes dans le domaine des Data sciences, et de membres d’Unicancer. Les deux projets lauréats ont été choisis pour leur caractère innovant, leur reproductibilité dans les autres CLCC et leur impact significatif sur la pratique médicale en termes de bénéfices pour les patients.
Pour une recherche en radiomique reproductible
Le Prix du jury (et sa dotation de 12 000 €) revient à un projet de radiomique, une discipline qui vise à exploiter la richesse des images médicales pour en extraire un grand nombre de caractéristiques relatives aux tumeurs et à leur environnement et à étudier, grâce à l’IA, les liens avec l’évolution de la tumeur ou la réponse aux traitements. Pour faciliter les études de ce type, complexes, l’équipe de Christophe Nioche, ingénieur de recherche Inserm à l’Institut Curie à Paris, a développé un logiciel d’analyse d’images médicales convivial LIFEx. Distribué librement à la communauté scientifique et médicale, le logiciel compte plus de 3 600 utilisateurs dans le monde et s’enrichit des interactions avec eux. « Notre projet lauréat vise à élargir les fonctionnalités du logiciel LIFEx pour permettre d’évaluer, de manière multicentrique, des modèles radiomiques proposés pour la prise en charge de malades atteints de cancer du poumon », se félicite Christophe Nioche.
Réduire le risque de récidives à l’épendymome
Le Prix coup de cœur du jury revient, lui, à un projet d’imagerie appliqué à l’étude de l’épendymome, deuxième cancer du cerveau le plus fréquemment traité en intention curative chez les enfants et les adolescents. Le traitement associant chirurgie et radiothérapie est encore suivi de 50 % de rechutes. Les progrès en imagerie, biologie moléculaire et balistique de radiothérapie ont amené l’équipe du professeur Anne Laprie, oncologue radiothérapeute à l’Institut Claudius Regaud de Toulouse, à proposer l’approche multi »omics » EPENDYMOMICS visant à détecter les caractéristiques prédictives de la rechute et à optimiser les indications de la radiothérapie. « Ce projet rassemblera les données cliniques, biologiques, d’imagerie et de radiothérapie de deux cohortes depuis 2000 : étude française PEPPI sur 202 patients coordonnée par l’Institut Claudius Regaud, et essai prospectif européen SIOP (Society for Pediatric Oncology) Ependymoma II comptant 168 patients et coordonné par le Centre Léon Bérard, décrit-elle. La dotation de 8 000 € va nous permettre d’amorcer le recueil d’imagerie pour démarrer le processus. C’est un booster de l’étude. »
Juliette Badina