Relocalisation de productions : les propositions du SICOS Biochimie
Dans la droite ligne des nombreux appels au rapatriement de fabrications de médicaments, le SICOS Biochimie présente un « plan de relocalisation/réindustrialisation » de la chimie pharmaceutique.
« Ce plan est le fruit de cinq à six ans de travail et de discussions avec l’ensemble des acteurs du secteur (Seqens, Minakem, M2i, Axyntis, Novasep, Sanofi… », souligne Vincent Touraille, directeur général de M2i Life Sciences et président du Syndicat de l’industrie chimique organique de synthèse et de la biochimie. Il vise tout d’abord à « identifier les points de fragilité de l’approvisionnement, ainsi que tous les acteurs de la chaîne de valeur ». « Si l’ANSM et l’Union européenne sont capables d’évaluer et de communiquer sur les goulots d’étranglement, des façonniers pourraient combler les lacunes », explique Vincent Touraille. Le SICOS suggère également de « prévoir des quotas sur des productions européennes dans les AMM ». Sur les dix « mesures clés » présentées, quatre concernent des aides au renforcement du tissu industriel existant: modernisation des usines, soutien du crédit impôt recherche au transfert technologique et au développement des molécules rapatriées, recherche de nouveaux procédés « innovants et respectueux de l’environnement »…
Sensibiliser le grand public
Ainsi, le phénomène de réindustrialisation pourrait se poursuivre. « Ce n’est pas une utopie. Il y a 500 à 600 usines en Europe. Chacune produit 20 à 30 API et peut en produire 10 à 20 de plus. Il faut que ce soit organisé, que les autorités définissent les besoins stratégiques », détaille Vincent Touraille. Il mise sur la pression populaire pour accélérer le mouvement. Un logo indiquant l’origine du principe actif pourrait être apposé sur les boîtes de médicaments. « Ces informations existent pour les aliments, pourquoi pas pour les médicaments? Un projet de décret sur ce marquage optionnel a été finalisé il y a environ cinq ans mais n’a pas été retenu par Bruxelles », rapporte Catherine Lequime, déléguée générale du SICOS. Toutefois, les citoyens sont-ils prêts à voir s’implanter des usines chimiques près de chez eux? « Il s’agit de modernisation et d’extensions de capacités, pas de créations de sites, précise Catherine Lequime. Et cela doit s’accompagner de l’utilisation de procédés durables plus performants en termes d’Hygiène Sécurité Environnement. »
A destination du grand public encore, le SICOS insiste sur le maintien et le développement de formations adaptées aux besoins des entreprises du secteur. « Nous devons être plus présents en termes de communication et de partenariats avec les écoles, indique Vincent Touraille. Le secteur recrute énormément. »
Muriel Pulicani