CARE, nouveau consortium de R&D contre le Covid-19
Alors que de nombreuses alliances contre le Covid-19 ont déjà émergé dans le monde, le nouveau consortium CARE, conduit par l’Inserm et des filiales européennes de J&J et Takeda, vise le développement de médicaments, nouveaux ou repositionnés.
Un nouveau consortium public-privé vient d’être lancé pour lutter contre l’infection au SARS-CoV-2. Créé pour cinq ans sous l’égide de l’Initiative médicaments innovants (IMI), CARE (pour Corona Accelerated R&D in Europe) est présenté comme « la plus grande initiative de ce type » pour découvrir et développer des solutions thérapeutiques contre le Covid-19. Le comité exécutif se compose des représentants de l’Inserm (coordinateur) ainsi que de deux laboratoires pharmaceutiques co-leaders, Janssen Pharmaceutica (groupe J&J) et Takeda Pharmaceuticals International AG. 34 autres organisations publiques ou privées sont associées au projet, dont sept big pharma* et trois autres acteurs non européens, partenaires associés à l’IMI : la Fondation Bill & Melinda Gates, le Global Health Drug Discovery Institute de Beijing en Chine, et l’Université de Dundee au Royaume-Uni.
Des résultats « en libre accès »
CARE est financé à hauteur de 77,7 M€ par l’IMI, les montants étant répartis entre le programme de recherche européen Horizon 2020, les grandes entreprises membres du consortium et les trois partenaires associés.
Marnix Van Loock, membre du comité exécutif de CARE (Janssen) : « CARE agira en tant que principal centre de connaissances sur le coronavirus en Europe. Il s’engage à respecter les principes de science ouverte et diffusera les résultats scientifiques. »
« CARE créera un réseau efficace de laboratoires, de centres cliniques, de banques de données, qui agira en tant que principal centre de connaissances sur le coronavirus en Europe, se réjouit Marnix Van Loock, directeur scientifique principal et responsable de la R&D sur les pathogènes émergents, santé publique mondiale chez Janssen, et membre du comité exécutif de CARE. En outre il s’engage à respecter les principes de science ouverte et diffusera les résultats scientifiques via des plateformes en libre accès, des revues à comité de lecture et divers formats d’événements. »
Priorité au repositionnement
Trois axes sont privilégiés : le repositionnement de médicaments, la découverte de petites molécules et celle d’anticorps neutralisants. L’Inserm a déjà expérimenté, sans succès probant jusqu’à présent, le repositionnement de quelques médicaments, notamment avec l’essai randomisé multi-bras Discovery. CARE va élargir l’approche en criblant parmi les bibliothèques de composés fournies par les partenaires, ceux des médicaments déjà autorisés ou encore en clinique dans d’autres indications qui seraient susceptibles de progresser rapidement vers des phases avancées d’essais cliniques contre le Covid-19. Une approche déjà mise en œuvre par Janssen, notamment dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut Rega pour la recherche médicale de l’Université catholique de Louvain, en Belgique (membre du consortium). « Ce premier axe vise à répondre à l’urgence, explique Marnix Van Loock. Les deux autres axes portent sur la nécessité de produire de futurs médicaments contre cette maladie, en exploitant une plateforme intégrant des approches de virologie, d’immunologie, de biologie structurale, de biologie des systèmes et d’intelligence artificielle. »
De nouveaux composés à découvrir
A la différence de la frénésie des projets vaccinaux en cours, les responsables de CARE parient sur le plus long terme. Si le repositionnement de médicaments sur des essais Covid devra être réalisé à échéance de 18 mois, ils se donnent jusqu’à trois ans pour amener en phase clinique les nouvelles petites molécules et les anticorps neutralisants les plus prometteurs qui seront identifiés. Une attention particulière devra également être accordée à la compréhension de la physiopathologie virale, à l’identification de marqueurs, ainsi qu’à l’amélioration de la conception des essais cliniques. Pour CARE, il s’agit, aussi, d’anticiper dès à présent la menace que pourraient constituer à l’avenir d’autres coronavirus.
Julie Wierzbicki
* AbbVie, Astellas Pharma Europe, Bayer, Boehringer Ingelheim, Novartis, Pfizer, Merck