Les jeunes, peu intéressés par leur santé ?
L’envie de liberté, la recherche identitaire ou encore la socialisation des jeunes de 15 à 25 ans prédominent sur d’autres préoccupations, comme celle du suivi régulier de leur santé. La pandémie de Covid-19 a été un révélateur de ce faible intérêt pour leur santé et celle des autres.
Les jeunes de la Génération Z ne montrent qu’un faible intérêt pour leur santé et celle des autres. Une attitude souvent mise en avant depuis le début de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Et pourtant ! Alors qu’une écrasante majorité (95 %) des 15-25 ans se dit en bonne santé, selon le baromètre Santé Publique France réalisé en 2016, « beaucoup renoncent aux soins, rencontrent des problèmes de harcèlement via les réseaux sociaux, ou sont angoissés par leurs interactions sociales ou leur avenir professionnel », prévient Monique Dagnaud, sociologue et directrice de recherche au CNRS, lors d’une table-ronde autour de la prévention organisée par Pfizer France ce 13 novembre. Comment les responsabiliser au suivi régulier de leur santé ? Quels sont les leviers pour que cette génération s’engage sur le sujet ? « Les jeunes s’informent en santé essentiellement par Internet et les réseaux sociaux, avance la sociologue. Certains formats leur plaisent particulièrement, comme les petites vidéos, via lesquelles ils se créent des bulles d’opinion où chacun a sa propre vérité, loin d’une pensée rationnelle », avertit-elle.
La famille et les pairs
Vincent Persuanne, représentant de la Fédération des espaces Santé jeunes, qui propose une prise en charge aux 11 à 25 ans, s’étonne que plus du quart de ceux qui viennent consulter à l’Espace Santé Jeunes de Nanterre ne sait pas s’il dispose d’une couverture sociale, et pour près de la moitié, d’une assurance complémentaire. Seulement 2 % des jeunes mineurs non-accompagnés ont une couverture vaccinale à jour. Le rôle du parent est important dans le domaine. Monique Dagnaud rappelle que « la famille est le pôle de confiance, qui diffuse une certaine image de la santé, du bien-être et du comportement ». Elle précise que l’âge moyen de départ de la maison familiale est de 24 ans en France, compte tenu d’études de plus en plus longues ou des difficultés à trouver un premier emploi. Et nombreux sont ceux qui sont retournés vivre avec leur famille pendant le confinement.
La transmission par les pairs fonctionne également comme en témoigne Léa Moukanas, présidente de la Fondation Aïda qui promeut l’engagement solidaire des jeunes en faveur d’autres. « Il y a un vrai enjeu d’accompagnement de l’anxiété dans cette population. La proportion des adolescents angoissés est passée de 2 % à 24 % en l’espace des quelques semaines de confinement », s’alarme-t-elle. Le prochain chantier de la Fondation sera celui de la vaccination. Marion Mathieu, de l’association Tous chercheurs qui propose de l’éducation scientifique sur des sujets de santé, a par exemple lancé en 2020 un projet de web-radio sur la vaccination avec des collégiens. « L’objectif est de les rendre acteurs de leurs apprentissages, de les armer pour repérer des fakes news, notamment dans le cadre de la crise Covid-19 qui soulève nombre de questionnements auprès d’eux », indique-t-elle.
L’importance de la prévention
« Dans une période anxiogène, il est rassurant de voir qu’il y a des pistes pour rendre les jeunes acteurs de leur santé, pour qu’ils soient eux-mêmes critiques et aient un avis éclairé », conclut David Lepoittevin, directeur de la division vaccins et lead de la réflexion Prévention chez Pfizer. La filiale française se mobilise aujourd’hui pour lancer une réflexion afin de sensibiliser les 15-25 ans à l’importance de la prévention. Parmi les initiatives, le fonds de dotation Pfizer Innovation France soutient depuis 2019 l’incubateur Prevent2Care, lancé par Ramsay Santé et l’accélérateur Inco, qui accompagne et soutient les initiatives de start-ups et d’associations qui développent des solutions innovantes en prévention santé et e-santé. La troisième promotion vient de récompenser les initiatives axées sur la prévention santé chez les jeunes.
Juliette Badina