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Tests antigéniques : une mission à risque pour l’officine

Depuis une semaine, les pharmaciens sont autorisés à réaliser des tests antigéniques pour faciliter la détection précoce du SARS-CoV-2. Soumise à conditions, leur généralisation dans les officines soulève de nombreuses interrogations. Explications.

Le dépistage individuel n’est plus l’apanage des biologistes. Gratuitement et sans ordonnance, les pharmaciens peuvent désormais pratiquer des tests antigéniques par voie nasopharyngée, sous la forme de TROD. Ils priorisent actuellement les patients symptomatiques depuis moins de quatre jours*. Les plus de soixante-cinq ans et les personnes à risque de développer une forme grave de la maladie sont pour l’instant exclus du circuit officinal. Autre restriction formelle : les sujets éligibles devront être dans l’incapacité d’obtenir un résultat en moins de quarante-huit heures via RT-PCR, la référence absolue pour détecter le SARS-CoV-2. Moins fiables, les tests antigéniques sont néanmoins plus rapides. Le temps de réponse est compris entre dix et trente minutes. Ils sont aussi deux fois moins chers. Intégralement remboursés par l’assurance maladie, ils sont facturés 34,49 euros. Leur généralisation répond avant tout à une logique de santé publique. Aux côtés des médecins et des infirmiers, les pharmaciens absorberont une partie de la demande, en constante augmentation. « L’enjeu consiste à limiter la propagation du virus, en facilitant sa détection précoce. Nous devons utiliser tous les moyens existants pour réduire au maximum les pertes de chance », affirme Philippe Besset, président de la FSPF.

Une montée en charge progressive

Officiellement actée, la participation des volontaires reste toutefois soumise à conditions. Accueil, équipement, matériel, assurance qualité, formation… Ils devront respecter un cahier des charges assez strict. Précision notable : ils pourront réaliser des opérations de dépistage à grande échelle sur autorisation préfectorale, y compris en dehors de leur officine. La mobilisation de la profession sera également un paramètre décisif. Elle n’est pas acquise d’emblée, si l’on se fie aux conclusions d’un récent sondage mené par l’USPO**. Début novembre, 59 % des répondants n’avaient pas l’intention d’effectuer des tests antigéniques dans un avenir proche. Un chiffre qui mérite cependant d’être relativisé, notamment au regard des contraintes imposées. « Il faut laisser le temps à chacun de s’organiser, en fonction de ses possibilités. Les choses vont évoluer rapidement et favorablement », estime Gilles Bonnefond, son président. Selon lui, les chances de réussite reposeront en grande partie sur une dynamique interprofessionnelle forte. « Nous travaillerons en étroite collaboration avec les médecins et les infirmiers », promet-il. Au programme : fourniture des tests, partage d’information systématique et délégation éventuelle des prélèvements. « Nous devrons être prêts à tester massivement la population à l’heure du déconfinement », prévient Philippe Besset.

Un chemin de croix ?

Les bonnes volontés ne suffiront pas. Ruptures d’approvisionnement potentielles, pénuries latentes sur certains équipements de protection indispensables, cible populationnelle restreinte, implication insuffisante, niveau de sécurité réel des intervenants : les zones de fragilité sont clairement identifiées. La sensibilité des tests antigéniques disponibles prête aussi à interrogation, en particulier pour les asymptomatiques, chez lesquels ils n’ont d’ailleurs pas été officiellement recommandés par la HAS, à une exception près*. « La proportion de faux négatifs est trop élevée parmi ces patients », explique Philippe Besset. Pour relever le défi de l’utilité, les pharmaciens attendent de nouvelles options diagnostiques, idéalement plus complètes et moins invasives***. « Nous aurions besoin d’un test antigénique salivaire efficace, quelle que soit la symptomatologie observée. » Autre frein à lever : il n’y aura pas de dépistage pertinent sans un traçage optimal des cas contacts. « Nous serons prochainement habilités à enregistrer toutes les données recueillies en temps réel sur le SI-DEP », assure Gilles Bonnefond. Pour des raisons légales, cette plate-forme numérique n’est accessible qu’aux seuls biologistes. Faute de mieux, les pharmaciens transmettent uniquement les résultats positifs à l’assurance maladie par téléphone ou par le biais d’une messagerie de santé sécurisée. « Le législateur doit pallier le problème en milieu de semaine prochaine », précise-t-il.   

Jonathan Icart

(*) Faute de données suffisantes, la HAS n’a pas recommandé l’utilisation des tests antigéniques chez les patients asymptomatiques, sauf dans le cadre d’un dépistage organisé en population ciblée. Exception faite des cas contacts et des personnes détectées au sein d’un cluster, ils pourront néanmoins être dépistés en pharmacie, sans toutefois être prioritaires.
(**) 4 729 réponses ont été compilées lors de ce sondage en ligne, effectué entre le 1er et le 4 novembre derniers. En voici les principaux résultats : 53 % des officines ont commandé des tests ; 42 % des équipes officinales sont déjà formées ; 42 % des pharmacies réaliseront des tests dans les prochains jours.
(***) La liste des tests antigéniques autorisés est régulièrement mise à jour sur le site du ministère de la Santé.

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