Cyclamed : un bilan ambivalent !

Malgré la chute des quantités collectées, les responsables de Cyclamed retiennent la hausse du taux de récupération des médicaments périmés ou non utilisés et soulignent les progrès dans les habitudes de tri des Français. Plusieurs actions ciblées seront toutefois indispensables pour optimiser la collecte et réduire son empreinte carbone. Explications.
La baisse est significative, mais la tendance est plutôt positive. Dans son dernier bilan annuel, Cyclamed dit avoir collecté 7 795 tonnes de médicaments périmés ou non utilisés dans les pharmacies françaises en 2024. Un recul de près de dix points, en un an, qui ne serait pas alarmant pour autant. « Cette diminution doit être pondérée, car elle est étroitement liée au nombre de boîtes vendues, qui diminue régulièrement depuis deux décennies, tandis que la population augmente et vieillit. Cette évolution structurelle du marché pharmaceutique est appuyée par une meilleure prescription, une meilleure dispensation et une meilleure observance des traitements », explique Thierry Moreau-Defarges, président de cet éco-organisme chargé de collecter et éliminer les produits éligibles, qui sont ensuite valorisés sous la forme d’électricité et de chaleur*.
Des niveaux record
Malgré ces résultats quantitatifs mitigés, les membres de cette association affichent plusieurs motifs de satisfaction, dont une réduction continue du gisement de médicaments non utilisés détenus dans les foyers français, qui a été divisé par deux en quatorze ans. Selon la dernière étude de référence sur le sujet**, il serait de 9 960 tonnes. Comparé au tonnage effectivement collecté, le taux de récupération serait donc de 77 %. « Un niveau record pour notre éco-organisme et une preuve supplémentaire de cet usage plus rationnel du médicament », commente Laurent Wilmouth, directeur général de Cyclamed. Autre enseignement notable : le « réflexe MNU » et les habitudes de tri affiné au domicile progressent. Deux chiffres clés, issus de la dernière étude sociologique sur le comportement des usagers***, accréditent la thèse : 82 % des personnes interrogées affirment déposer leurs médicaments non utilisés en pharmacie au moins une fois par an ; 68 % des répondants assurent séparer les étuis en carton et les notices en papier, et les placer dans la poubelle du tri sélectif pour un recyclage matière. Deux seuils qui n’avaient jamais été atteints. « Les motivations des patients/consommateurs ont changé. La préservation de l’environnement supplante désormais la sécurité sanitaire domestique », souligne Bénédicte Nierat, directrice de la communication de Cyclamed. La pollution des sols et des eaux devient un motif prioritaire de retour en pharmacie.
Une réutilisation illusoire
Des actions ciblées seront toutefois indispensables pour optimiser la collecte, notamment en Corse et dans les Drom-Com, et réduire son empreinte carbone, en lien étroit avec les grossistes-répartiteurs et les usines de valorisation énergétique partenaires. Outre une plus grande notoriété, qui induit une visibilité médiatique et officinale renforcée, le dispositif pourrait également gagner en finesse et en précision par le biais d’une étude de caractérisation, actuellement menée par l’ANSM, l’Assurance Maladie et Cyclamed. Un projet dont la finalité soulève doute et interrogation concernant une possible réutilisation des médicaments non utilisés. « Cette perspective est illusoire pour des raisons évidentes de traçabilité et de conservation. Les autorités sanitaires veulent quantifier et de qualifier les différents types de produits retrouvés dans nos cartons, qui contiennent principalement des laxatifs, des sirops et des antibiotiques, et identifier les éventuels médicaments rares et chers qui seraient gaspillés », confirme Thierry Moreau-Defarges, soucieux de lever la moindre ambiguïté sur les objectifs du projet. Seule certitude : les évaluations lancées pour caractériser et cartographier les MNU s’achèveront fin juillet.
Jonathan Icart
(*) Cyclamed compte 232 laboratoires pharmaceutiques adhérents et travaille avec 60 usines de valorisation énergétique, dont une seule en Outre-Mer, en Martinique.
(**) Etude REliquat MEDicaments non Employés réalisée fin 2024 dans 1 100 foyersrépartis en métropole et en Outre-mer.
(***) Baromètre online BVA réalisé du 28 février au 14 mars dernier auprès de 2 361 personnes représentatives de la population française.