HealthTech : un secteur résilient face à la crise
La 18e édition du « Panorama France HealthTech 2020 » de France Biotech prouve la résilience de la filière santé face à un contexte sanitaire inédit. Bien qu’affectées dans leurs développements, les entreprises innovantes du secteur ont su répondre à l’urgence en mettant à disposition de nouvelles solutions.
La nouvelle édition du « Panorama France HealthTech 2020 », dévoilée par France Biotech le 11 février 2021, montre un secteur dynamique et pourvoyeur d’emplois. « L’écosystème compte aujourd’hui plus de 2 000 entreprises dont 750 biotechs, 1 100 medtech et 200 start-up en e-santé, pour 50 000 emplois directs, indique Chloé Evans, responsable des études sectorielles de France Biotech. Le secteur peut compter sur de nombreuses créations d’entreprises, mais aussi sur une maturité qui s’observe avec une quinzaine d’ETI atteignant des phases III et une capitalisation boursière proche du milliard. » L’arsenal technologique est très diversifié avec plus de 4 000 produits et solutions à forte valeur ajoutée en développement et commercialisés. « L’année 2020 a été marquée par des retards dans les essais cliniques et les approvisionnements en matières premières, ainsi que des difficultés dans la signature de partenariats, complète-t-elle. Mais le secteur a bien réagi et un quart des entreprises ont rapidement redirigés leurs travaux vers le Covid-19 avec 116 produits en développement. » Stéphane Tholander, cofondateur et président de Cibiltech, ajoute que « la crise a accéléré la digitalisation des soins avec le développement de plateformes de téléconsultation et des outils de suivi des patients ».
Intérêt accru des investisseurs institutionnels
Au niveau mondial, le secteur de la santé a attiré les investisseurs en 2020. « C’est une année record, avec près de 40 milliards d’euros de financements levés en capital-risque et en introduction en Bourse par des sociétés américaines et européennes, soit une croissance de 15 % par rapport à 2019 qui était déjà une année record », constate Cédric Garcia, associé au sein d’EY. Si la croissance en Europe est de 20 % notamment grâce à une augmentation très forte des montants levés en capital-risque via neuf grosses opérations de plus de 100 M€, la France enregistre elle un recul de 13 % de ces financements. « Ce retard s’explique notamment par la levée de fonds de 150 M€ réalisée par Doctolib en 2019 et aucune grosse opération en 2020 », explique Cédric Garcia. Il note par ailleurs un fort paiement par la dette des sociétés cotées, en hausse de 140 %. Des données qui expliquent ce décalage de la France par rapport à l’Europe. Le marché boursier français n’a enregistré aucune IPO en 2020 (ni en 2019), mais deux sociétés cotées à Paris se sont introduites au Nasdaq : Nanobiotix et Inventiva. Malgré ces constats en demi-teinte, « la filière est assez résiliente, avec bien moins de retard dans le business plan initial que dans d’autres secteurs », indique Camille Leca, directrice des activités de cotation d’Euronext en France, qui rappelle que la valorisation boursière des biotechs françaises a été multipliée par trois en un an.
Les pouvoirs publics en renfort du marché
Les Healthtech ont également bénéficié d’un fort soutien de l’État en pleine crise sanitaire. Le Prêt Garanti par l’État (PGE) a permis de financer nombre d’entre elles. Bpifrance a également soutenu les entreprises en santé dans le cadre des programmes d’investissements d’avenir (PSPC, AMI capacity building) et du plan de relance. Elle a aussi contribué à l’émergence de thérapies préventives et curatives pour le Covid-19 en finançant la R&D, les essais cliniques ainsi que l’augmentation des capacités de production. Soit un accompagnement de 420 M€ d’aides à l’innovation, trois fois les montants de 2019. Plusieurs sociétés ont déjà apporté des solutions à la crise. Toutes poursuivent leur mobilisation face au virus, et aux variants.
Juliette Badina