Une stratégie d’accélération pour les biothérapies et la bioproduction
Lancée le 7 janvier 2022, la stratégie d’accélération pour les biothérapies et la bioproduction de thérapies innovantes allouera un financement de 800 M€ d’ici 2025 aux acteurs de la filière pour positionner l’industrie française sur le marché des médicaments biologiques, regagner une souveraineté sanitaire et améliorer la santé des patients.
Figurant dans le 4e programme investissements d’avenir (PIA4) lancé début 2021, la stratégie d’accélération « Biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes » avait été annoncée le 29 juin dernier par le président de la République lui-même, lors de la présentation du plan Innovation Santé 2030. Emmanuel Macron en avait alors dévoilé les grandes lignes : 800 M€ devaient être mis sur la table pour donner à la France une place de leader européen dans ce secteur, alors qu’elle dépend aujourd’hui à 95 % de biothérapies étrangères. A horizon 2030, elle devra être en mesure de produire 20 biomédicaments sur son sol.
Après plusieurs mois de travail et une consultation menée auprès des acteurs de l’écosystème suscitant plus de 300 réponses, cette stratégie d’accélération est officiellement lancée ce 7 janvier 2022, conjointement par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie.
Soutien à l’innovation thérapeutique et industrielle
L’enveloppe de 800 M€ financera essentiellement des appels à projets. Le premier, portant sur les innovations en biothérapies (dotation d’environ 275 M€), est ouvert aujourd’hui 7 janvier à destination des entreprises et consortium pour le développement de médicaments biologiques en santé humaine ou animale, ainsi que d’outils de R&D. Seront ciblées les technologies sur lesquelles la France « a le plus de chances de réussir », comme par exemple les anticorps monoclonaux, les thérapies CAR-T, les thérapies géniques et cellulaires et l’ARN messager. Cet AAP courra jusqu’à novembre 2023, avec deux phases d’instruction des candidatures par an.
Un deuxième AAP sur l’innovation en bioproduction, qui sera lancé au premier trimestre 2022, bénéficiera d’une dotation initiale de 130 M€, pouvant être portée à 280 M€. Un précédent appel à manifestation d’intérêt « Nouvelles biothérapies et outils de production », lancé en juin dernier, avait permis dès octobre de pré-identifier sept lauréats. Ce nombre est aujourd’hui porté à 16 lauréats, qui bénéficieront de 39 M€ d’aides et de 71 M€ d’investissements.
Les laboratoires de recherche publics interviendront en appui de la stratégie via le Programme équipements prioritaires de recherche (PEPR), co-piloté par l’Inserm et le CEA. Un appel à projets dédié (dotation de 80 M€) sera lancé au deuxième trimestre.
Renforcer l’écosystème, former les acteurs
La stratégie d’accélération passera aussi par le renforcement du réseau d’intégrateurs industriels et de sociétés de développement et de production sous contrat (CDMO). Celui-ci est insuffisant selon la majorité des répondants à la consultation publique, qui ont souligné les difficultés des biotech françaises à se maintenir sur le territoire quand vient l’heure de passer à l’échelle industrielle. Ouvert en décembre dernier sous le pilotage de l’ANR, l’AAP « Maturation-prématuration pour les organismes de transfert technologique » sera doté d’un budget de 20 à 40 M€. Une enveloppe de 150 à 250 M€ servira en parallèle à financer le déploiement de projets d’industrialisation sur le territoire.
Enfin, une attention particulière sera accordée à la formation, pour permettre aux filières industrielles de disposer des compétences nécessaires. Un appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir » a d’ores et déjà été lancé le 17 décembre dernier à l’intention des universités et des écoles, afin de créer de nouveaux masters professionnels (5 à 15 M€).
Julie Wierzbicki
D’autres informations sur le déploiement d’initiatives locales et nationales en bioproduction sont à retrouver dans le n°292 de Pharmaceutiques (décembre 2021), en pages 18-19.