Coalition Innovation Santé : quand la crise accélère la transformation
Lancée le 25 mars, la Coalition Innovation Santé n’a pas tardé à prouver l’efficacité de son modèle, fondé sur l’agilité et la réactivité d’un consortium de talents venus de tous les horizons de la santé.
En un peu plus d’un mois, l’appel à projets a suscité l’intérêt de plus de 350 contributeurs, dont près de 90% issus de l’univers digital. « L’idée de ce projet est née de nos échanges avec des médecins, explique Franck Mouthon, président de France Biotech. Ils s’interrogeaient sur la possibilité de disposer plus rapidement d’innovations technologiques, afin de mieux répondre à la prise en charge des malades chroniques, dans le contexte de tension majeure posée par l’épidémie de COVID-19. » Sous l’impulsion d’Olivier Nataf, président d’Astrazeneca France, de France Biotech, de MedTech In France et de France Digitale, en quelques coups de fil et quelques jours, la coalition s’est constituée, réunissant près de 40 membres. Digital Pharma Lab, premier accélérateur indépendant de projets Pharmatech, a été choisi pour assurer l’élaboration méthodologique et la conduite du dispositif. Et plusieurs dizaines d’experts ont été mis à disposition par les membres de la coalition, afin de permettre l’évaluation en temps record de la pertinence des projets.
Plus de cinquante partenaires
L’AP-HP, BPIFrance et EIT Health participent à la démarche, ainsi que des institutions ou des entreprises, dont Astellas, GSK, Lilly, Medtronics, Altran, BMS, MSD, Novo Nordisk, Roche, Expanscience, Amazon Web Services… « Cette initiative est totalement en phase avec la vision portée par notre groupe, celle d’une innovation ouverte et de solutions construites avec les utilisateurs », témoigne Christophe Dufour, Directeur Innovation, Data et Expérience Client chez Astra Zeneca.
350 candidats, sept projets en route
« L’enjeu majeur, c’était d’aller très vite, explique Pascal Bécache, co-fondateur de Digital Pharma Lab. Huit groupes de cinq à dix évaluateurs ont été constitués, à partir de critères simples, comme la robustesse des projets, leur capacité de déploiement rapide, un marquage CE ou la conformité RGPD. » Durant les deux premières semaines, plus de 150 dossiers ont pu ainsi être examinés. « Chaque projet répond à un besoin concret identifié, formulé sur notre site par des services hospitaliers publics ou privés, ajoute Guirec Le Lous, président de MedTech In France. C’est la force de notre méthodologie : les solutions sélectionnées doivent être utiles et « orientés usagers ». » Au 1er mai, sept d’entre elles étaient lancées, portées par différents opérateurs :
- • Biosency : fournisseur d’objets connectés pour monitorer les constantes biologiques des patients à domicile (saturation en oxygène, rythmes cardiaque et respiratoire)
- • Domicalis : créateur de la solution Ambulis de sécurisation de parcours médicaux et chirurgicaux
- • Apitrak : solution de géolocalisation de matériel médical en hôpital et clinique (par exemple les pousse-seringues)
- • Calmedica : télésuivi et télésurveillance des patients par SMS
- • Cureety : plateforme de télésurveillance pensée pour un patient à domicile pour améliorer sa qualité de vie et optimiser les interventions médicales ;
- • Ad Scientiam : solution de suivi à domicile pour patients atteints de maladies neurologiques (sclérose en plaques) et ne pouvant pas se rendre en consultation
- • myCharlotte : application web Bulle qui propose plus de 30 activités en audio et vidéo, adaptées spécifiquement aux personnes atteintes de cancer, à faire chez soi
Un modèle pour l’après-COVID ? Si l’appel à projets, prolongé jusqu’au 7 mai, ne sera pas renouvelé, Coalition Innovation Santé poursuivra néanmoins ses travaux durant plusieurs semaines, avec de nouvelles solutions sur les rails. « Nous travaillons notamment sur la santé mentale, dans un secteur tragiquement sous-doté et où les impacts de la crise sanitaire s’annoncent dramatiques », précise Franck Mouthon. Un autre enjeu sera d’accompagner le déploiement des projets, évaluer leur pertinence en vie réelle et monitorer leur impact en termes d’efficacité des prises en charge. « Avec cette initiative, nous souhaitons démontrer qu’il est possible d’aller plus vite pour mettre à disposition des solutions technologiques, sans sacrifier aux règles de l’évaluation et à la condition que leur valeur d’usage puisse être démontrée par les professionnels de santé et les patients », observe Guirec Le Lous.
Hervé Réquillart